Alors que les sanctions infligées par l’Occident à la Russie commencent à sérieusement piquer l’économie du pays de Poutine, le Kremlin s’en remet à des pratiques pas tout à fait légales pour garder la tête hors de l’eau. Il envisagerait ainsi de légaliser le piratage de logiciels afin de contourner les sanctions imposées par les géants technologiques européens, américains et asiatiques.

Les sanctions occidentales font mal à l’économie russe

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a suscité l’indignation de nombreux pays à travers le monde. En réponse, les pays de l’Occident ont décidé d’infliger des sanctions économiques colossales à la Russie, à tel point qu’elles semblent pensées pour détruire l’économie du pays de l’Est. En plus des gouvernements, les entreprises ont elles aussi pris des mesures contre la Russie.

Par exemple, Apple a arrêté de vendre ses produits dans le pays, à l’instar de Samsung. Google a, de son côté, décidé d’y suspendre ses activités publicitaires. D’autres géants technologiques emblématiques de la Silicon Valley, comme Oracle, Adobe, Intel, Microsoft, AMD ou encore Airbnb ont eux aussi annoncé l’arrêt de leurs activités en Russie.

Les conséquences de ces mesures sont logiquement désastreuses pour le pays. Dans un contexte économique incroyablement tendu, le Kremlin tente par tous les moyens de trouver des solutions. Comme le rapporte Ars Technica, le gouvernement russe envisage de légaliser le piratage des logiciels.

La Chine ne serait pas concernée

Si la loi russe permet d’autoriser l’utilisation de toute propriété intellectuelle sans le consentement du titulaire du brevet « en cas d’urgence liée à la défense et à la sécurité de l’État », le gouvernement n’a pas encore été jusque-là, mais il semblerait qu’il ne s’agisse plus que d’une question de temps.

La pratique du piratage est toutefois très répandue en Russie. Selon un rapport datant de 2019 et réalisé par ESET, une société de sécurité slovaque, 91 % des Russes préfèrent les contenus piratés, et près de 20 % d’entre eux déclarent avoir installé des logiciels piratés. 75 % des personnes interrogées expliquent avoir recours à ces pratiques car les versions officielles des plateformes coûtent trop cher.

Le Kremlin à Moscou.

Le Kremlin réfléchit à des mesures et lois pour limiter les dégâts causés par les sanctions occidentales. Photographie : Michael Parulava / Unsplash

Logiquement, cette loi concernerait les logiciels issus des grandes entreprises technologiques de l’Occident ayant imposé des sanctions envers la Russie. Il semblerait donc que la Chine en soit exemptée, et c’est une bonne nouvelle pour l’Empire du Milieu, qui souhaite se faufiler dans l’espace vacant laissé par les big tech américaines et européennes en Russie afin d’y implémenter ses propres produits et services.

Toutefois, la Chine se retrouve dans une position très délicate et doit faire très attention à ne pas être visée par les sanctions occidentales. « Les entreprises chinoises ont beaucoup plus à perdre qu’à gagner en violant les sanctions. Pour la plupart des entreprises chinoises, la Russie est tout simplement un marché trop petit pour que l’activité vaille le coup de prendre le risque d’être coupé des marchés développés ou d’être lui-même sanctionné », ont ainsi déclaré les analystes de Gavekal Dragonomics dans un rapport de recherche cité par le Wall Street Journal.

Serait-ce vraiment utile ?

Le projet du Kremlin de rendre le piratage légal démontre à quel point la situation est difficile en Russie, où les habitants se retrouvent complètement isolés du reste du monde. Il est cependant difficile de savoir si cela serait d’une grande utilité car le paysage numérique a fortement changé. Désormais, les solutions dites SaaS (logiciels en tant que service) sont légion et ne sont accessibles que via une application web.

Il est toujours possible de pirater de nombreuses applications traditionnelles qui s’appuient sur des serveurs d’authentification pour vérifier l’état de l’abonnement, mais ceux-si sont tout de même moins nombreux qu’il y a dix ans.