Maia, c’est ainsi que devrait s’appeler le futur mini-lanceur réutilisable d’ArianeGroup programmé pour 2026. Le projet a été présenté le 6 décembre par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances sur l’un des sites de l’entreprise, à Vernon, dans l’Eure. Il s’agit de l’un des volets de la nouvelle stratégie spatiale de la France, financée par 1,5 milliard d’euros du programme France 2030 d’Emmanuel Macron.

L’espace, une opportunité économique pour le gouvernement

Lors de son exposé, le ministre, fidèle à ses idées, a livré une vision purement économique de l’espace. Selon lui, la « nouvelle page de l’histoire spatiale de la France » est celle de la « compétitivité économique ». Une orientation gouvernementale explicitée par le transfert du domaine spatial du giron du ministère de la Recherche vers celui de l’Économie.

Bruno Le Maire a insisté sur la participation des « startup, PME » aux côtés des grandes institutions pour soutenir les ambitions spatiales de la France. Cette vision, assumée, vise à concurrencer les acteurs du new space, en particulier SpaceX, explicitement cité par le ministre.

ArianeGroup a souffert de la concurrence de ces nouveaux acteurs et de leurs appareils plus économes et donc moins chers pour leurs clients. Pour certains partenaires et observateurs, la fusée Ariane 6, la fusée lourde européenne dont le premier vol est prévu pour 2022, semble obsolète avant même que son développement ne soit achevé face aux appareils réutilisables de SpaceX.

Le ministre a insisté, toujours, sur la nécessité de rentabilité d’Ariane 6. Il rapporte avoir obtenu un accord de préférence européenne auprès de l’Allemagne pour le lancement de satellites. Il assure qu’Ariane pourra trouver son équilibre économique grâce à quatre lancements institutionnels par an, déjà acquis, et minimum trois lancements privés en plus.

ArianeGroup espère rattraper son retard sur SpaceX avec Maia

La recherche de rentabilité d’Ariane n’empêchera pas, d’après le ministre, de travailler en parallèle sur le développement de Maia. Avec ce projet, Bruno Le Maire assure que la France et l’Europe ont « rattrapé un mauvais choix stratégique d’il y a 10 ans ».

Malgré un délai extrêmement serré, quatre ans, le PDG d’ArianeGroup, André-Hubert Roussel, a estimé au micro de France Inter qu’il s’agit d’un « calendrier réaliste ». Le lanceur devrait être équipé d’un nouveau moteur, Prometheus. Le développement d’un démonstrateur d’étage réutilisable, nom de code Themis, a commencé en 2020. La fusée, plus petite qu’Ariane 6 visera à lancer « des micros et des mini-satellites ».

Au côté du projet Maia, Bruno Le Maire a donné trois autres axes à la stratégie spatiale française. France Relance 2030 doit soutenir les projets de petites entreprises visant au développement de micro-lanceurs, avec une charge utile de moins de 500kg, soutenir la constellation de satellites voulus par le commissaire européen Thierry Breton et pousser les nouveaux usages, lutte contre les débris spatiaux, ravitaillement, déplacements de satellites, valorisation des données… Autant de projets industriels et technologiques en phase avec la vision économique de l’espace portée le gouvernement.