C’est en grande pompe que Blue Origin, l’entreprise spatiale de Jeff Bezos, a présenté ses plans pour la conception et la mise en orbite d’Orbital Reef. Cette station spatiale, dont le volume intérieur approchera celui de la Station Spatiale Internationale (ISS), devrait entrer en fonction dans la deuxième partie de la décennie.

Commerce, recherche et tourisme

Décrite comme « la première station spatiale à usage mixte en orbite terrestre basse pour le commerce, la recherche et le tourisme », Orbital Reef accueillera aussi bien des astronautes, des chercheurs, des touristes que des hommes d’affaires. Blue Origin a en effet expliqué que parmi ses clients, on trouverait « des agences spatiales expérimentées, des consortiums de haute technologie, des nations souveraines sans programmes spatiaux, des entreprises de médias et de voyages, des entrepreneurs financés et inventeurs parrainés, ou encore des investisseurs tournés vers l’avenir ».

Si la firme n’a pas dévoilé le coût total de la station, elle a révélé qu’elle serait confectionnée en partenariat avec plusieurs entreprises, avec les vaisseaux Starliner de Boeing et Dream Chaser de Sierra Space pour effectuer des allers retours entre celle-ci et la Terre, en transportant notamment du matériel et des humains. Concrètement, l’objectif pour Blue Origin sera de générer d’importants revenus grâce à la location de la station par ses différents clients. Dans un communiqué, l’entreprise détaille son projet :

« Les infrastructures partagées répondent efficacement aux besoins exclusifs de divers locataires et visiteurs. Elle présente une architecture spatiale centrée sur l’homme avec des services et des équipements de classe mondiale qui sont inspirants, pratiques et sûrs. En tant que première destination commerciale en orbite terrestre basse, Orbital Reef fournira l’infrastructure essentielle nécessaire pour développer l’activité économique et ouvrir de nouveaux marchés dans l’espace. Le transport spatial réutilisable et la conception intelligente, accompagnés d’une automatisation et d’une logistique avancées, minimiseront les coûts et la complexité pour les opérateurs spatiaux traditionnels et les nouveaux arrivants, permettant au plus grand nombre d’utilisateurs de poursuivre leurs objectifs. L’architecture ouverte du système permet à tout client ou nation de se connecter et de s’adapter à la demande. Les postes d’amarrage des modules, les ports pour véhicules, les services publics et les commodités augmentent tous en fonction de la croissance du marché ».

Vue d'artiste de l'intérieur de la station spatiale Orbital Reef.

Avec son design futuriste, Orbital Reef accueillera tous types de visiteurs. Image : Blue Origin

La NASA veut laisser la place au secteur privé

L’annonce d’Orbital Reef suit la tendance du secteur spatial actuel, avec la NASA qui souhaite miser sur la privatisation de l’orbite basse. C’est notamment pour cette raison que l’Agence spatiale américaine a choisi Axiom Space pour construire les deux prochains modules de l’ISS. Quand celle-ci partira à la retraite aux alentours de 2028, les entreprises privées prendront ainsi le relais.

Il faut dire que l’ISS représente un sacré budget pour la NASA : entre 3 et 4 milliards de dollars chaque année. Souhaitant se concentrer sur d’autres projets, et plus particulièrement sur ses futurs vols habités vers la Lune et Mars, l’Agence a lancé un programme lui permettant d’aider financièrement les entreprises souhaitant fabriquer leurs propres stations. À terme, la NASA pourrait d’ailleurs devenir une visiteuse régulière de ces dispositifs en y envoyant des astronautes pour diverses missions.

Une deadline trop juste ?

Pour l’heure, il faut toutefois rester prudent quant à la date d’entrée en fonction d’Orbital Reef. En effet, Blue Origin n’a fait voler que New Shepard, une fusée réutilisable capable d’atteindre la limite de l’espace quelques minutes avant de venir se poser. Si elle s’est engagée auprès de la NASA pour construire l’alunisseur du programme Artemis, on ignore encore si elle sera choisie. La firme a révélé que les modules de la station seraient acheminés dans l’espace par New Glenn, son futur lanceur lourd qui devrait entrer en fonction en 2022.

Surtout, il faut savoir que les deux vaisseaux cargos annoncés par Blue Origin, Starliner et Dream Chaser, ne sont pas encore opérationnels. Tandis que le premier a connu un énorme revers avec la NASA et devrait d’ores et déjà acheminer des astronautes vers l’ISS (SpaceX s’en frotte les mains), le second devrait entrer en fonction l’année prochaine.

À l’heure du spatial privé néanmoins, tout est possible et tout va plus vite. Reste à voir si chacun des éléments impliqués dans le projet se développe comme prévu.