Ce lundi 22 avril, la Commission européenne a annoncé l’ouverture d’une nouvelle enquête sur TikTok en vertu du Digital Services Act (DSA). L’application TikTok Lite, disponible en France et en Espagne depuis fin mars, est soupçonnée d’être néfaste pour les jeunes utilisateurs.

En tant que VLOP, TikTok doit évaluer les risques de ses systèmes pour les utilisateurs

« Nous soupçonnons la fonction #TikTokLite d’être toxique et de créer une dépendance, en particulier chez les enfants », avertit Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, dans une publication sur X.com. La Commission européenne, organe exécutif de l’Union européenne (UE), cherche à déterminer si l’application chinoise a enfreint le DSA avec sa nouvelle plateforme.

TikTok Lite présente en effet une fonctionnalité destinée aux utilisateurs âgés de plus de 18 ans avec un « programme de récompenses ». Il leur permet de gagner des points en effectuant des tâches, notamment en regardant des vidéos. Ils peuvent ensuite être échangés contre des récompenses comme des bons d’achat Amazon, des cartes-cadeaux ou les pièces de monnaie virtuelle de TikTok.

La Commission a donné 24 heures à TikTok pour fournir une évaluation des risques de son système, faute de quoi elle s’expose à des amendes pouvant atteindre 1 % de son chiffre d’affaires mondial, ou à des sanctions périodiques pouvant aller jusqu’à 5 % de son revenu journalier moyen.

TikTok est considéré comme une « grande plateforme en ligne » (VLOP) dans le cadre de la nouvelle législation européenne. De ce fait, elle a l’obligation d’évaluer et de traiter tous les risques potentiels auxquels leurs utilisateurs peuvent être confrontés, particulièrement les mineurs.

« Les flux incessants de vidéos courtes et rapides peuvent être considérés comme amusants, mais ils exposent également nos enfants à des risques de dépendance, d’anxiété, de dépression, de troubles de l’alimentation et de faible capacité d’attention », s’inquiète Thierry Breton dans un communiqué.

Les inquiétudes des régulateurs s’accentuent

Ces nouvelles démarches font suite à une première demande d’information envoyée à TikTok dès le lancement de TikTok Lite. L’entreprise a maintenant jusqu’au 3 mai pour répondre à cette requête, qui concerne les mesures mises en place pour la protection des mineurs et la santé mentale des utilisateurs.

Le gouvernement français s’est également dit préoccupé par le déploiement de l’application. La Secrétaire d’État chargée du numérique, Marina Ferrari, a ainsi demandé à ses services « d’étudier avec la plus grande attention les mécanismes de l’interface proposée aux utilisateurs ». Pour sa part, la Cnil a annoncé qu’elle allait « saisir de façon officielle la Cnil irlandaise sur les conditions de collecte et d’exploitation des données », selon sa présidente.

« Nous sommes déçus par cette décision. Le centre de récompenses TikTok Lite n’est pas accessible aux moins de 18 ans et les tâches de visionnage de vidéos sont limitées par jour. Nous poursuivrons les discussions avec la Commission », a réagi un porte-parole de TikTok. Pour sa part, la Commission européenne cherche à déterminer si le système de vérification d’âge de la plateforme est réellement efficace.

Il s’agit de la deuxième enquête formelle ciblant l’application dans le cadre du DSA. La première porte, elle aussi, sur la protection des mineurs. Le timing n’est pas vraiment idéal pour TikTok, qui risque une interdiction aux États-Unis dès cette semaine.