Alors que l’adoption de l’intelligence artificielle (IA) en entreprise s’accélère, 64 % des dirigeants français privilégient le recrutement de talent que la formation de leurs employés à la technologie.

La formation, clé de l’adoption de l’IA ?

Ce sont les résultats d’une étude menée par le groupe Adecco, fournisseur de solutions en ressources humaines. 2 000 dirigeants d’entreprises de haut niveau, notamment des PDG et directeurs financiers, des opérations et techniques, ont été interrogés pour l’occasion. Ils sont répartis dans neuf pays dont la France, où 170 cadres ont été sondés.

Premier constat : la grande majorité, 66 %, reconnaît l’impact de l’IA dans leur secteur d’activité. Mais seulement 11 % (9 % en France) estiment avoir progressé dans la numérisation de leur société au cours des dernières années. Si les entreprises européennes sont de plus en plus nombreuses à se tourner vers l’IA, les cadres ne semblent pas convaincus de leurs aptitudes à réellement capitaliser sur la technologie.

Ainsi, 57 % des sondés doutent de la capacité de leur propre équipe de direction à saisir les « risques et les opportunités » liés à l’IA. Dans ce contexte, seulement 43 % ont mis en place des programmes de formation visant à améliorer les compétences de leurs équipes dans le domaine. Ils ne sont que 34 % à avoir l’intention d’entraîner leurs collaborateurs à l’avenir. La formation de la main-d’œuvre est pourtant un élément clé de la transition vers l’intelligence artificielle, affirment les experts.

Le manque de compétence est l’un des facteurs principaux freinant le déploiement de l’IA générative en entreprise, concluait une autre étude menée par la Commission européenne début février. En France, les chefs d’entreprise estiment que les compétences IT et l’« intelligence émotionnelle » constituent les aptitudes les plus recherchées pour appréhender l’IA.

Une infographie sur le souhait de dirigeants d'entreprises de recruter à l'extérieur des talents d'IA.

Le pourcentage par pays des dirigeants plus enclins à recruter des talents d’IA. Infographie : Groupe Adecco.

La dimension humaine compte

Les chefs d’entreprises français privilégient à 64 % le recrutement de travailleurs déjà formés. 51 % se disent en outre plus ouverts à la réorientation vers d’autres postes plutôt qu’au licenciement. Un chiffre qui descend à 46 % au niveau mondial.

Ce changement de paradigme devrait avoir un impact sur les activités des entreprises, puisque 37 % des dirigeants anticipent une augmentation de salaires dans les douze prochains mois pour les employés disposant de compétences dans l’IA.

Malgré le boom de l’IA, 57 % des dirigeants considèrent les soft skills, c’est-à-dire les compétences psychosociales, et la dimension humaine comme le premier facteur de succès d’une entreprise.

À noter que la majorité des groupes interrogés n’a pas encore mis en place de cadre interne éthique et de règles de conformité et d’usage. Un autre point essentiel pour utiliser l’IA en entreprises, selon les experts. Selon une étude du cabinet McKinsey, l’évolution de l’IA générative est telle qu’elle pourrait ajouter 4 400 milliards de dollars de valeur à l’économie mondiale dans les prochaines années.