Quel sera l’impact de l’intelligence artificielle (IA) générative, technologie qui alimente ChatGPT et Google Bard, sur le monde du travail dans les décennies à venir ? Dans un rapport, le cabinet d’expertise McKinsey s’est penché sur la question, parvenant à des résultats impressionnants.

Le monde du travail chamboulé par l’IA générative

Depuis le lancement de ChatGPT à la fin novembre 2022, l’IA générative représente un enjeu majeur. Les investisseurs injectent des milliards dans la technologie, tandis que de plus en plus d’entreprises l’exploitent ou l’incorporent dans leurs systèmes.

Le phénomène est tel que McKinsey a revu ses prédictions sur les conséquences de l’IA sur l’économie à la hausse de 15 à 40 % par rapport à une étude de 2017. Ainsi, le cabinet estime que l’IA générative pourrait ajouter entre 2 600 et 4 400 milliards de dollars par an à l’économie mondiale. Elle a également le potentiel de stimuler la productivité en économisant 60 à 70 % du temps des travailleurs grâce à l’automatisation de leur travail, leur permettant de s’atteler à d’autres tâches, selon l’étude. Les chercheurs de McKinsey assurent que la moitié des activités professionnelles actuelles pourraient être automatisées entre 2030 et 2060.

« Les travailleurs auront besoin d’aide pour acquérir de nouvelles compétences et certains changeront de métier. Si les transitions des travailleurs et les autres risques peuvent être gérés, l’IA générative pourrait contribuer de manière substantielle à la croissance économique et soutenir un monde plus durable et plus inclusif », indiquent-ils.

Pour élaborer leur étude, les analystes de McKinsey ont examiné 850 professions et 2 100 activités professionnelles détaillées dans 47 pays, représentant plus de 80 % de la main-d’œuvre mondiale.

Les travailleurs devront s’adapter

75 % de la valeur économique de l’IA générative proviendra de l’aide apportée aux travailleurs pour automatiser les tâches liées aux opérations clients, aux ventes, à l’ingénierie logicielle et à la recherche et au développement. Selon Lareina Yee, partenaire de McKinsey et auteur du rapport, la technologie peut créer des « superpouvoirs » aux personnes hautement qualifiées grâce à sa capacité à résumer ou éditer du contenu.

« Le changement le plus profond que nous allons observer est celui des personnes, et il nécessitera bien plus d’innovation et de leadership que la technologie », a-t-elle néanmoins rappelé. Les prédictions de McKinsey sont plus optimistes que celles d’autres firmes. Goldman Sachs a récemment publié une étude signalant que l’IA pourrait avoir un impact négatif sur les travailleurs. Elle alertait également sur le fait que certaines entreprises bénéficieraient davantage de la technologie. Une autre étude réalisée par des chercheurs d’OpenAI, d’Open Research et de l’université de Pennsylvanie a révélé que 80 % des emplois risquent d’être affectés par l’IA.

« Il faudra du temps pour que les avantages de la technologie se concrétisent pleinement, et les dirigeants des entreprises et de la société ont encore des défis considérables à relever. Il s’agit notamment de gérer les risques inhérents à l’IA générative, de déterminer les nouvelles compétences et capacités dont la main-d’œuvre aura besoin et de repenser les processus opérationnels de base tels que le recyclage et le développement de nouvelles compétences », conclut l’étude de McKinsey.

L’encadrement de l’IA, notamment en cours de déploiement au sein de l’Union européenne, tente en partie d’apporter une solution à ces nouvelles problématiques. Les gouvernements doivent faire vite tant l’évolution de l’IA générative est rapide.