La réponse de Google à la nouvelle version de Bing est enfin là. La firme de Mountain View vient d’annoncer le déploiement de son intelligence artificielle (IA) Bard pour un nombre limité d’utilisateurs aux États-Unis et au Royaume-Uni. Elle la présente comme une « expérience complémentaire » à Google Search.

Une course contre la montre depuis la sortie de ChatGPT

Depuis le lancement de ChatGPT fin 2022, Google est en état d’alerte rouge en interne et s’est lancée dans une course à l’intelligence artificielle. En effet, sa grande rivale Microsoft est l’investisseur majoritaire dans OpenAI, entreprise qui a développé l’agent conversationnel. Elle a donc accès à la technologie et l’a intégrée à son moteur de recherche Bing, suscitant un immense enthousiasme au sein de l’industrie technologique.

Dans la foulée, la firme de Mountain View a organisé une présentation de Bard mais celle-ci a subi d’importantes critiques en interne. Jugée bâclée et précipitée, elle n’a pas permis à Google de rattraper son retard sur Microsoft. En lançant Bard, l’entreprise veut désormais démontrer que sa technologie est, elle aussi, pleine de promesses.

Bard est un agent conversationnel basé sur LaMDA, le modèle de langage phare de Google sur lequel l’entreprise travaille depuis plusieurs années. « Vous pouvez utiliser Bard pour stimuler votre productivité, accélérer vos idées et alimenter votre curiosité. Vous pouvez demander à Bard de vous donner des conseils pour atteindre votre objectif de lire plus de livres cette année, d’expliquer la physique quantique en termes simples ou de stimuler votre créativité en traçant les grandes lignes d’un article de blog », annonce la société dans un billet de blog.

Google prend de nombreuses précautions

Contrairement au nouveau Bing de Microsoft, Bard est pour le moment pensé comme un complément à Google Search, et n’est pas entièrement intégré à l’interface. Ainsi, l’outil constitue une page web autonome contenant une boîte à questions.

Exemple de Bard.

Voici à quoi va ressembler Bard. Image : Google.

Sachant que les modèles de langage sont enclins à l’erreur et à la désinformation, la firme de Mountain View prend d’importantes précautions. En dessous de chaque réponse de Bard, un bouton de recherche Google s’affiche, permettant à l’utilisateur de vérifier si l’information est véridique.

Aussi, et c’est probablement sa plus grande différence avec Bing, il propose trois réponses différentes que l’usager peut parcourir. Il peut ensuite choisir sa favorite. « À partir de là, vous pouvez continuer à collaborer avec Bard en lui posant des questions complémentaires. Et si vous voulez voir une autre solution, vous pouvez toujours demander à Bard de réessayer », précise Google.

Toujours par souci de précaution, la société explique avoir utilisé l’IA pour en partie rédigé son billet de blog, et admet qu’il « n’a pas toujours bien fait les choses ». Le nombre d’échanges par chat est donc limité « pour essayer de garder les interactions utiles et sur le sujet ». Toutefois, le nombre de chats quotidiens ne sera pas restreint.

Google qualifie son agent conversationnel d’« expérience », et compte sur les retours des premiers utilisateurs pour améliorer son produit. Son déploiement dans d’autres pays se fera progressivement en rapport avec ces retours.

L'agent conversationnel bard de Google.

Image : Google.

OpenAI a totalement redistribué les cartes

Google n’a jamais vu son secteur d’activité principal autant menacé. Elle règne quasiment sans partage dans le domaine des moteurs de recherche depuis plus de vingt ans. Les dernières avancées de Microsoft risquent toutefois de redistribuer les cartes ; la version de Bing alimentée par l’IA est déjà disponible dans le monde entier via une liste d’attente. La firme de Redmond améliore sa technologie chaque jour en écoutant les retours des utilisateurs.

« Nous vivons un moment unique », explique au New York Times Chirag Dekate, analyste au sein du cabinet de recherche technologique Gartner. ChatGPT a inspiré de nouvelles start-up, captivé l’imagination du public et suscité une plus grande concurrence entre Google et Microsoft, continue-t-il, ajoutant que « maintenant que la demande du marché a changé, l’approche de Google aussi ».

Il y a quelques jours, Google annonçait également l’arrivée de l’IA générative dans ses outils Workspace. Dans le même temps, la suite Office de Microsoft s’est, elle aussi, dotée de cette technologie.