C’était imminent. Le département de la Justice (DoJ) américain a déposé plainte contre Apple. La marque à la pomme est accusée d’avoir maintenu un monopole déloyal dans le secteur du smartphone pendant des années pour maintenir l’iPhone au sommet.

Possible violation de la loi antitrust fédérale

Dans un document de 88 pages, le DoJ, accompagné des procureurs généraux de seize États, détaille de nombreuses pratiques mises en place par Apple pour maintenir sa position de leader du smartphone aux États-Unis, où l’iPhone détient 65 % du marché. L’instance accuse le géant de la tech d’avoir violé le Sherman Act, principale loi américaine sur la concurrence, dans une affaire qui pourrait constituer l’une des plus importants procès antitrust de l’histoire du pays.

« Nous alléguons qu’Apple a maintenu un pouvoir monopolistique sur le marché des smartphones, non seulement en restant en tête de la concurrence sur le mérite, mais aussi en violant la loi antitrust fédérale. Si elle n’est pas remise en cause, Apple ne fera que renforcer son monopole », assène le procureur général Merrick B. Garland.

« Le comportement d’exclusion généralisé d’Apple fait qu’il est plus difficile pour les Américains de changer de smartphone, compromet l’innovation en matière d’applications, de produits et de services et impose des coûts extraordinaires aux développeurs, aux entreprises et aux consommateurs », estime le DoJ.

Le blocage de super-applications, la suppression de services mobiles de cloud streaming, l’exclusion des messageries multiplateformes, la diminution des fonctionnalités des montres intelligentes autres que celles d’Apple et la limitation des portefeuilles numériques tiers sont notamment cités.

Apple fulmine

Cette plainte marque la première affaire significative visant la firme de Cupertino à l’échelle fédérale. Sous l’impulsion de l’administration Biden, les autorités antitrust ont intenté des poursuites capitales à l’encontre des géants de la technologie américains. Le DoJ a également inculpé Google pour monopole déloyal dans le secteur de la publicité en ligne, tandis que la Federal Trade Commission (FTC) cible Amazon pour abus de position dominante.

Dans le cas d’Apple, le Doj « cherche à obtenir un redressement équitable au nom du public américain pour remédier au comportement anticoncurrentiel généralisé et de longue date » de l’entreprise.

Le géant californien n’a pas tardé à réagir véhément, assurant que cette plainte allait entraver ses efforts d’innovation. « Ce procès menace notre identité et les principes qui distinguent les produits Apple sur des marchés extrêmement concurrentiels. Si elle aboutissait, elle entraverait notre capacité à créer le type de technologie que les gens attendent d’Apple – où le matériel, les logiciels et les services s’entrecroisent. Elle créerait également un dangereux précédent, en permettant au gouvernement d’intervenir lourdement dans la conception de la technologie des citoyens », invective la société.

Ses pratiques sont également ciblées au sein de l’Union européenne. La Commission lui a récemment infligé une lourde amende d’1,8 milliard d’euros pour pratiques anticoncurrentielles dans le secteur du streaming musical. De même, le Digital Markets Act oblige désormais Apple à mettre fin à plusieurs de ses pratiques historiques au sein de l’App Store et d’iOS, afin d’ouvrir son écosystème à la concurrence.