Pour la première fois, la Commission européenne a sanctionné Apple pour pratiques anticoncurrentielles. Le 4 mars, le géant technologie a reçu une amende de 1,84 milliard d’euros de la part du régulateur européen pour « abus de position dominante » sur le marché du streaming musical.

Coup de massue pour Apple qui ne démord pas

En 2019, Spotify saisissait Bruxelles, se plaignant des pratiques de la marque à la Pomme. Selon l’entreprise suédoise, elles étaient contraires aux lois européennes visant à garantir une concurrence loyale sur un même marché. Face à cette plainte, la Commission européenne décidait d’ouvrir en juin 2020 une enquête autour des agissements d’Apple.

Suite à ses investigations, la Commission européenne a constaté que le groupe utilisait sa marketplace pour privilégier ses applications au détriment de ceux de ses concurrents. « Pendant dix ans, Apple a abusé de sa position dominante sur le marché de la distribution d’applications de diffusion de musique en continu par l’intermédiaire de son App Store, » a précisé Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive chargée de la politique de concurrence.

Concrètement, si un utilisateur d’appareil iOS souhaitait s’abonner à une plateforme musicale, il payait plus cher que s’il le faisait directement depuis le site internet de l’application ou sur une autre plateforme. Apple allait même plus loin, interdisant aux développeurs de ces applications de fournir des instructions sur la manière dont les utilisateurs pouvaient s’abonner à leurs offres à un prix moins cher qu’en passant par l’App Store.

« Ces pratiques étant illégales en vertu des règles de l’UE en matière d’ententes et d’abus de position dominante, nous avons infligé aujourd’hui à Apple une amende de plus de 1,8 milliard d’euros, » a ajouté Margrethe Vestager. L’exécutif européen, qui envisageait une amende de 500 millions d’euros dans un premier temps, a finalement décidé de marquer le coup. Il évoque un montant « proportionné aux revenus mondiaux d’Apple, nécessaire pour être dissuasif ». Dans les prochaines semaines, la firme de Cupertino devra mettre un terme aux pratiques épinglées par la Commission européenne. Elle est sommée de s’aligner aux tarifs d’abonnements proposés par les développeurs à l’avenir.

De son côté, Apple a annoncé qu’il ferait appel de cette sanction. La société dirigée par Tim Cook, confiante, assure que cette amende a été infligée « en dépit de l’incapacité de la Commission à découvrir la moindre preuve crédible d’un préjudice causé aux consommateurs ». L’entreprise a également visé Spotify, qu’il accuse de vouloir profiter « sans payer, des avantages de l’AppStore, mais aussi de nos outils et technologies qui ont contribué à faire de la plateforme suédoise l’une des marques les plus reconnaissables au monde ».

Spotify, qui avait porté plainte contre Apple, s’est réjoui de cette sanction, mais a émis quelques réserves sur l’avenir. « Nous attendons avec impatience les prochaines étapes qui, espérons-le, permettront de remédier de manière claire et concluante aux pratiques déloyales de longue date d’Apple, » explique le groupe suédois, qui souhaite que la Commission européenne aille plus loin dans sa lutte pour garantir un marché numérique équitable.