Les États-Unis tentent à nouveau d’interdire TikTok sur leur territoire. Un nouveau projet de loi demande à ByteDance de se séparer de sa pépite au risque d’un bannissement dans le pays, qui représente son plus important marché international.

TikTok serait une menace pour la sécurité nationale

Le texte bipartisan, porté par une vingtaine de députés, vise à donner environ six mois au géant chinois pour céder TikTok, sous peine d’interdiction aux États-Unis. Un ultimatum motivé pour des raisons de sécurité nationale, indiquent ses auteurs. « Voici mon message à TikTok : rompez avec le Parti communiste chinois ou perdez l’accès à vos utilisateurs américains », assène le républicain Mike Gallagher, président de la commission spéciale de la Chambre des représentants sur le Parti communiste chinois, dans un communiqué de presse annonçant le projet de loi.

L’application est dans le collimateur de Washington depuis plusieurs années. En 2020, l’administration Trump tentait déjà de l’interdire. Le gouvernement se méfie particulièrement des possibles liens entre sa maison mère, ByteDance, et les autorités chinoises.

Il cite par exemple une législation dans le pays forçant toutes les entreprises à partager leurs données avec Pékin si cela leur est demandé. L’espionnage et la diffusion de propagande comptent parmi les plus grandes inquiétudes des décideurs américains, alors que les tensions entre la Chine et les États continuent de croître.

Les préoccupations à l’égard de TikTok ont mené à l’audition mouvementée de son PDG, Shou Zi Chew, devant le Congrès en mars 2023. L’application est proscrite de tous les appareils gouvernementaux depuis la fin 2022.

Un autre projet de loi, baptisé Restrict Act, visait également à interdire la plateforme, mais aucun vote n’a finalement eu lieu pour l’approuver. Certains États ont agi à leur échelle, notamment le Montana qui a passé une législation pour bannir TikTok. L’entreprise a pu l’empêcher de passer en vigueur devant un tribunal.

Une violation du premier amendement, selon l’application

Pour sa part, TikTok tente de rassurer les régulateurs avec le projet Texas. Il consiste à séparer les données des utilisateurs américains dans des serveurs basés aux États-Unis, et garantit un accès au code de l’application à certains membres du gouvernement. Ces efforts ne semblent toutefois pas suffisants.

« Ce projet de loi est une interdiction pure et simple de TikTok, même si les auteurs tentent de le dissimuler. Elle bafouera les droits au premier amendement de 170 millions d’Américains et privera 5 millions de petites entreprises d’une plateforme sur laquelle elles comptent pour se développer et créer des emplois », a réagi la firme.

Le texte, qui devrait être accompagné d’une législation complémentaire au Sénat, sera examiné lors d’une audition de la commission de l’Énergie et du Commerce ce jeudi, en vue d’un vote. Il peut déjà compter sur le soutien de la Maison-Blanche, un porte-parole du Conseil de sécurité nationale le qualifiant d’« étape importante et bienvenue ». L’administration Biden travaillera avec le Congrès « pour renforcer encore cette législation et lui donner la base juridique la plus solide possible », a-t-il précisé.