Les dirigeants de X, anciennement Twitter, TikTok, Meta, Discord et Snapchat ont été auditionnés par le Sénat des États-Unis, le 31 janvier. L’occasion pour les élus américains d’aborder un sujet de taille, à savoir l’exploitation sexuelle des mineurs et la protection des jeunes utilisateurs sur internet.
Acculé par les sénateurs, Mark Zuckerberg présente ses excuses
Pendant près de quatre heures, les patrons des plus grands réseaux sociaux américains se sont succédé pour répondre aux questions des sénateurs. Présents au sein de l’assemblée, de nombreuses familles de victimes et de militants de droits de l’enfance, invités pour l’occasion, ont pu assister en direct aux discussions. L’audition la plus marquante reste celle de Mark Zuckerberg, PDG de Meta, qui a reçu moult critiques vis-à-vis de son laxisme quant à la protection des mineurs sur des plateformes Facebook, Instagram et WhatsApp.
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Full exchange between Sen. Josh Hawley (R-MO) and Meta CEO Mark Zuckerberg, which includes Zuckerberg's apology.@HawleyMO: "Who did you fire?"
Zuckerberg: "I'm not going to answer that."
Hawley: "Because you didn't fire anybody, right? You didn't take any significant action." pic.twitter.com/86Z6iyQjjW
— CSPAN (@cspan) January 31, 2024
Quelques heures plus tôt, Bloomberg et le Wall Street Journal dévoilaient une affaire où Mark Zuckerberg aurait rejeté les demandes de ses collaborateurs en matière de modération, dont celles de Nick Clegg, ancien vice-président des affaires mondiales. Ce dernier l’avait incité à embaucher 45 employés supplémentaires dans le but d’améliorer la sécurité des utilisateurs mineurs sur les plateformes sociales de Meta. Le sénateur démocrate Richard Blumenthal a sauté sur l’occasion, en s’appuyant sur une série d’e-mails envoyés à Nick Clegg.
Néanmoins, c’est avec le sénateur républicain Josh Hawley que les échanges ont été les plus incisifs. L’homme politique lui a demandé pourquoi il ne s’était pas engagé à aider de lui-même les familles victimes de chantage sexuel ou de pédopornographie. Devant le manque d’arguments de son interlocuteur, Josh Hawley a invité Mark Zuckerberg à s’excuser auprès des victimes présentes. Le PDG de Meta s’est exécuté, présentant ses excuses. « Je suis désolé de ce que vous avez dû endurer. Personne ne devrait devoir subir ce que vous avez traversé. Meta continuera d’investir et de travailler pour mieux protéger les enfants » a-t-il déclaré, sans grande conviction.
Pour leurs auditions, le directeur général de TikTok et la PDG de X s’en sortent bien
Mark Zuckerberg faisait partie des deux dirigeants, avec Shou Zi Chew, directeur général de TikTok, ayant accepté l’invitation des sénateurs. Ce n’était pas le cas de Jason Citron, PDG de Discord, Evan Spiegel, PDG de Snap, et Linda Yaccarino, PDG de X, qui ont reçu une assignation à comparaître, les obligeant à se rendre au Sénat américain.
Le patron de TikTok a reçu de vives critiques, qui n’avaient pas forcément un lien avec la protection des mineurs sur le réseau social. Ses liens présumés avec la Chine ont occupé une large partie du débat. Tom Cotton, sénateur républicain, lui a demandé s’il possédait la nationalité chinoise. « Sénateur, non, je suis Singapourien » a répliqué Shou Zi Chew avec sérénité. L’élu américain a cherché à savoir s’il avait des liens avec le Parti communiste chinois, répondant à nouveau qu’il venait de Singapour, et pas de Chine.
Dans l’optique de recentrer les débats, le directeur général du réseau social développé par ByteDance a assuré que l’entreprise « allait investir plus de deux milliards en sécurité et confiance rien que cette année, avec une part significative aux États-Unis ». Il a également assuré que « 40 000 professionnels travaillent à protéger notre communauté ».
Avec Linda Yaccarino, la dirigeante de X depuis mai 2023, les sénateurs ont élargi le sujet initial, évoquant la modération en général sur la plateforme détenue par Elon Musk. Suite à une question posée par le sénateur démocrate Peter Welch autour des effectifs de l’entreprise, Linda Yaccarino a assuré que le nombre de modérateurs a récemment été revu à la hausse, les effectifs ayant été augmentés de 10 % ces 14 derniers mois. « Même si l’entreprise ajoutait 100 modérateurs de contenu supplémentaires, cela ne suffirait peut-être pas à freiner le contenu pédopornographique sur X, » a-t-elle déclaré pour sa défense.
Sur le réseau social qu’elle dirige, Linda Yaccarino s’est également fendue d’un message d’excuses à destination des victimes présentes au Sénat des États-Unis. « Aux parents, aux familles et aux jeunes qui ont assisté à l’audience sur la sécurité des enfants d’aujourd’hui, merci pour votre courage inimaginable. Vous avez mon engagement personnel selon lequel X sera un partenaire pour rendre internet plus sûr. Notre conviction est partagée, notre engagement est réel. Il est temps d’AGIR, » a-t-elle publié.
To the parents, families, and young people who attended today's Child Safety Hearing thank you for your unimaginable courage. You have my personal commitment that @X will be a partner in making the internet safer. Our conviction is shared, our commitment is real. It’s time to…
— Linda Yaccarino (@lindayaX) January 31, 2024
Pour conclure ces auditions, plusieurs sénateurs républicains ont affirmé qu’il existait un consensus politique pour abolir la section 230. Ce cadre législatif, dont l’interprétation est régulièrement débattue, protège les réseaux sociaux contre toute responsabilité pour les contenus de tiers publiés sur leurs services. Néanmoins, difficile d’imaginer la suppression ou la modification du texte, tant il est central dans le fonctionnement de la plupart des médias sociaux sur le Net.