Fu Cong, ambassadeur de Chine auprès de l’Union européenne, a récemment qualifié « d’injuste », l’enquête menée par Bruxelles sur les subventions publiques allouées aux constructeurs de véhicules électriques. Pour lui, l’Empire du Milieu coopère, pour le moment, « parce que nous voulons éviter une situation dans laquelle les deux parties devraient recourir à des mesures commerciales l’une contre l’autre ».

Les véhicules électriques au cœur des tensions entre Chine et UE

Lors d’une interview avec Bloomberg, Fu Cong a souligné que l’UE n’hésitait elle aussi pas à accorder un grand nombre de subventions aux entreprises implantées sur son territoire. Selon lui, si la Chine adoptait la même approche que la Commission européenne, « de nombreuses choses pourraient faire l’objet d’une enquête ».

Les relations commerciales entre la Chine et l’UE connaissent des hauts et des bas depuis plusieurs mois. De premières tensions étaient apparues en 2022, dans le cadre du rapprochement entre Pékin et Moscou suite au lacement de la guerre en Ukraine. Aussi, le vieux Continent cherche à réduire sa dépendance à l’égard de la deuxième puissance mondiale, notamment en matière de semi-conducteurs, de véhicules électriques et de matières premières. Une politique qui ne plaît pas à la superpuissance.

Une nouvelle barrière a été franchie en septembre dernier, lorsqu’Ursula von der Leyen annonçait le lancement d’une enquête visant les subventions versées par Pékin à son industrie des véhicules électriques. Le prix des voitures est maintenu « artificiellement bas par des subventions publiques massives », soulignait la présidente de la Commission européenne, ajoutant que « L’Europe est ouverte à la concurrence. Pas à un nivellement par le bas ».

La Chine s’est agacée de l’ouverture d’une telle enquête, fustigeant le délai « très court » accordé par l’UE pour engager des consultations. Dans un communiqué, le ministère chinois du commerce déclarait qu’il était « très mécontent » de l’investigation, qui manque de preuves adéquates et n’est pas conforme aux règles de l’Organisation mondiale du commerce.

Ce mois-ci, Bruxelles a commencé à inspecter trois constructeurs automobiles chinois : BYD, Geely et SAIC. Jusqu’au 11 avril, plusieurs membres de la Commission européenne se rendront en Chine pour poser diverses questions aux dirigeants de ces entreprises. Suite à cela, l’UE décidera s’il est judicieux ou non de poursuivre ses investigations. En réponse à ces prospections, la Chine avait décidé de lancer à son tour une enquête antidumping sur les spiritueux importés de l’Union européenne, comme le Cognac et l’Armagnac, des boissons alcoolisées très consommées dans le pays.

Pour ce qui est de l’enquête européenne sur les subventions, s’il s’avère que les conclusions font état d’un marché faussé, il se pourrait que Bruxelles s’aligne sur les mesures d’ores et déjà appliquées aux États-Unis. Outre-Atlantique, les constructeurs chinois doivent s’acquitter de 27,5 % de droits de douane alors qu’ils ne sont que de 10 % en Europe.