La nouvelle était attendue, mais risque de ne pas ravir les internautes pour autant. Ce lundi, Meta, la maison mère de Facebook et Instagram, a annoncé que ses deux réseaux sociaux proposeront bientôt une version payante sans publicité. Les utilisateurs européens pourront y souscrire dès le mois prochain.

Meta veut se conformer aux législations européennes

Comme bon nombre de plateformes sociales, Facebook et Instagram fonctionnent grâce à des services gratuits, financés par des publicités. Ces dernières offrent aux annonceurs un ciblage avancé grâce aux données personnelles des milliards d’utilisateurs qui utilisent les deux plateformes.

Une stratégie fine, mais en opposition avec les efforts déployés par l’Union européenne depuis plusieurs années pour lutter contre le suivi des internautes sans leur consentement. L’année 2016 a marqué un tournant avec le règlement général sur la protection des données (RGPD), avec lequel Meta a déjà connu quelques déconvenues. Plus tôt cette année, la commission irlandaise a infligé à l’entreprise américaine une amende record de 1,2 milliard de dollars pour avoir transféré des informations d’utilisateurs européens vers les États-Unis. Une pratique qui va à l’encontre du RGPD. Elle a également écopé d’une amende quotidienne de 98 500 dollars de la part de la Norvège pour pratiques publicitaires illégales.

Aujourd’hui, Bruxelles va plus loin avec le Digital Markets Act (DMA), un texte qui vise à encadrer la relation des géants du numérique avec leurs concurrents et leurs utilisateurs. L’un des nombreux objectifs de ce paquet de lois est de mettre fin à l’exploitation des données personnelles des internautes sans leur autorisation. Entré en vigueur début mai, les plateformes digitales concernées ont jusqu’au 6 mars 2024 pour s’y conformer.

Un abonnement dès 9,99 euros par mois

Consciente qu’elle est dans le viseur des autorités européennes, Meta veut montrer patte blanche. C’est dans cette optique que la société propose un abonnement payant sans publicité aux utilisateurs de l’Union européenne, de la Suisse et du reste de l’Espace économique européen (Islande, Norvège, Liechtenstein). Ils devront débourser 9,99 euros s’ils souscrivent depuis un ordinateur, et 12,99 euros s’ils règlent depuis l’application mobile Facebook ou Instagram.

Pour les utilisateurs professionnels, l’abonnement couvrira tous les comptes supplémentaires rattachés à leur profil jusqu’au 1er mars 2024. À partir de cette date, des frais de 6 euros par mois sur le web et 8 euros par mois sur iOS et Android s’ajouteront à la note.

« Tant que les internautes seront abonnés, leurs informations ne seront pas utilisées pour des publicités, » promet l’entreprise dans un billet de blog. Elle souligne également qu’une version gratuite de ses réseaux sociaux restera disponible. En contrepartie, des publicités personnalisées seront affichées. Partager leurs données ou s’abonner, les utilisateurs doivent donc choisir.

En optant pour une offre par abonnement, Meta s’assure aussi d’obtenir une nouvelle manne de revenus. Une stratégie déjà adoptée par plusieurs de ses concurrents, dont X et Snapchat. TikTok explore, elle aussi, une telle possibilité.