Le ministre de l’Économie français, Bruno Le Maire, s’est rendu à Rome ce lundi 30 octobre pour échanger sur l’intelligence artificielle avec ses homologues allemand et italien. Les ministres des trois premières économies européennes souhaitent placer l’IA « au cœur » de la politique industrielle de l’UE.
L’Italie veut maintenir l’IA au centre des échanges du G7
C’est en juin que Bruno Le Maire, Adolfo Urso, ministre des Entreprises et du « Made in Italy », Robert Habeck vice-chancelier allemand, ministre de l’Économie et de la Protection du Climat, ont initié ce type de réunion trilatérale relatif à la politique industrielle dans les domaines stratégiques pour l’UE. La première s’est tenue à Berlin au sujet de l’approvisionnement en matériaux critiques, aujourd’hui il a été question d’IA.
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Adolfo Urso a déjà fait savoir que l’IA sera l’une des thématiques mises en avant lors de la présidence italienne du G7 en 2024. Le Japon, qui occupe actuellement la présidence tournante, s’est déjà engagé dans cette voie. Un code de conduite pour les entreprises travaillant sur les IA avancées est en cours d’adoption.
Les ministres, dans leurs déclarations, tâchent de jongler entre efficacité, compétitivité, en demandant un allégement et une simplification de certaines charges administratives pesant sur les entreprises européennes, et réglementation, avec l’adoption prochaine de l’IA Act.
Pour placer l’Europe sur la carte mondiale de l’IA, « les ministres soutiennent la formation d’un solide écosystème européen de capital-risque ». Ils ont particulièrement insisté sur la nécessité de favoriser et faciliter les coopérations multipays et investissements de projets au sein de l’UE. Deux cadres juridiques issues du programme Décennie numérique 2030, les pôles européens d’innovation numérique (EDIH) et les consortiums européens pour les infrastructures numériques (EDIC) sont salués comme allant dans le bon sens.
« Je suis tout à fait d’accord avec mes collègues italiens et français pour dire que nous avons besoin d’une réglementation favorable à l’innovation dans le domaine de l’IA, y compris l’IA à usage général », a déclaré Robert Habeck, alors que la version finale de l’IA Act fait l’objet d’une négociation en trilogue, Parlement, Commission, Conseil de l’UE, en ce moment même.
Réglementer, mais pas trop
Les opposants au texte, principalement les entreprises du secteur, notamment américaines, jugent qu’il nuira à la compétitivité du Vieux Continent. Les trois ministres ont « réitéré leur engagement en faveur d’une approche favorable à l’innovation et fondée sur les risques, qui réduit les charges administratives inutiles pesant sur les entreprises ».
La dernière thématique à retenir a porté sur « l’utilisation libre et sécurisée des données dans l’Union européenne ». L’Italie, et la France surtout, font partie de ceux en Europe qui poussent à depuis 2019 l’adoption d’un système de certification européen (European Cybersecurity Certification Scheme for cloud) fort, protégeant les données contre les législations extraterritoriales, au hasard des États-Unis.
Avec le référentiel SecNumCloud élaboré par l’ANSSI, la France impose le plus haut niveau d’exigence au sein de l’UE, mais cette exigence ne fait pas l’unanimité. Les discussions sont toujours en cours.