Les ministres de l’Économie italien, allemand et français ont annoncé qu’ils allaient approfondir leur coopération le 26 juin 2023 dans le but de garantir et sécuriser leurs accès aux matières premières critiques. Indispensables à leurs industries respectives, ces matériaux sont souvent importés depuis la Chine.

Sécuriser au plus vite l’approvisionnement en terres rares

« La crise du Covid et la guerre en Ukraine ont conduit à une prise de conscience sur la forte dépendance de l’Europe sur les matières premières et la nécessité de réorganiser nos chaînes d’approvisionnement, » a affirmé Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. Ses homologues allemand et italien, Robert Habeck et Adolfo Urso, sont du même avis.

En mars dernier, la Commission européenne avait présenté un projet de loi destiné à sécuriser les approvisionnements en matières premières critiques. Parmi elles, le lithium, le silicium, le cobalt, et le nickel, quatre composants nécessaires à la production de batteries de smartphones, d’ordinateurs ou encore de véhicules électriques.

Dans le cadre de leur rencontre, Bruno Le Maire, Robert Habeck et Adolfo Urso ont formulé une demande. Ils souhaitent que les discussions autour de ce cadre législatif soient réalisées au plus vite. En effet, avant qu’une loi européenne ne puisse être adoptée, celle-ci peut être modifiée par la Commission européenne, lors des débats au sein du Parlement européen par les eurodéputés, mais aussi par les membres du Conseil de l’Union européenne. Un processus long qui ne semble pas convenir aux trois ministres.

Entre 500 millions et 1 milliard d’euros débloqués par chacun des ministres pour s’affranchir de la Chine

« Cela n’a aucun sens d’investir dans de nouvelles usines de batteries, de panneaux photovoltaïques ou de puces électroniques si nous continuons à dépendre à 95 %, voire 100 %, des importations de lithium, de cobalt ou encore de silicium » ajoute Bruno Le Maire. Si la sécurisation de la chaîne d’approvisionnement constitue une première étape, l’objectif à terme vise à ne plus être dépendant de quiconque afin d’obtenir ces matières premières. À l’heure actuelle, 90 % de la production mondiale des terres rares est contrôlée par la Chine.

Le gouvernement français a donc mis en place un fonds d’investissement public qui va être doté de 500 millions d’euros. Le gouvernement italien, lui, devrait débloquer un milliard d’euros. Cet argent servira notamment à favoriser l’établissement de projets miniers et d’usines de raffinage sur le sol européen. De son côté, le ministre allemand de l’économie a évoqué la mise en place de futures discussions avec l’ensemble du gouvernement allemand dans le but d’obtenir un fonds d’un milliard d’euros.

Robert Habeck, membre de l’Alliance90/Les Verts, devra convaincre Christian Lindener, le ministre allemand des Finances associé au parti libéral démocrate. Ce dernier souhaite réduire le budget 2024 du pays de 20 milliards d’euros. Il s’était illustré en manifestant son désaccord autour de l’augmentation des subventions accordée à Intel pour s’implanter à Magdebourg.