Dans une lettre à l’attention de l’Union européenne, les plus grands opérateurs européens, dont Orange et Bouygues Telecom, ont montré qu’ils cherchaient à se confronter aux grandes entreprises américaines du numérique. Publiée ce lundi 2 octobre, cette missive intervient quelques semaines avant les conclusions de la consultation de l’UE sur « l’avenir du secteur des communications électroniques et de ses infrastructures ».
Un nouvel appel des opérateurs à destination des décideurs politiques européens
Outre l’opérateur historique français, l’allemand Deutsche Telekom, l’espagnol Telefonica ou encore le britannique Vodafone, constituent la tête de file de ce mouvement visant à lutter contre la supposée non-implication des géants de la tech sur les réseaux télécoms du Vieux Continent. Dans leur lettre, les dirigeants de ces opérateurs appellent à la mise en place d’une « contribution juste et proportionnelle des plus grands générateurs de trafic aux coûts de l’infrastructure du réseau ».
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À l’heure actuelle, les GAFAM accompagnés d’autres plateformes comme les services de streaming vidéo comme Netflix ou Disney+, sont ceux qui profitent le plus des infrastructures de télécommunication. Pour de nombreux opérateurs, comme le suédois Tele2, le danois TDC, et même l’américain Liberty Global présent dans quelques pays européens, ces groupes devraient davantage contribuer aux coûts liés à la maintenance, à l’entretien, à l’amélioration et à l’usage de ces infrastructures.
Selon les signataires de la lettre, le trafic de données augmente en moyenne de 20 à 30 % chaque année, impulsée par la présence des big tech sur le sol européen. Pour les opérateurs du Vieux Continent, cette croissance risque de se poursuivre sans hausse d’investissements de la part des acteurs qui mobilisent le plus la bande passante.
Pour que les géants de la tech investissent dans les réseaux européens
« Les investissements futurs sont soumis à de sérieuses pressions et des mesures réglementaires sont nécessaires pour les sécuriser », précisent les signataires. Ils préconisent l’introduction d’une « contribution juste et proportionnée des plus grands générateurs de trafic aux coûts de l’infrastructure de réseau » qui selon eux, « devrait constituer la base d’une nouvelle approche ».
Comme précisé dans leur lettre, « l’UE a estimé qu’au moins 174 milliards d’euros de nouveaux investissements seront nécessaires d’ici à 2030 pour atteindre les objectifs de connectivité, le secteur des télécommunications n’est actuellement pas assez solide pour répondre à cette demande, de nombreux opérateurs atteignant à peine le coût de leur capital ».
Ce n’est pas la première fois que les principaux opérateurs télécoms européens ont tenté de rééquilibrer leurs relations avec les géants du web. Fin 2021, ils avaient déjà publié une lettre ouverte, appelant « les grandes plateformes technologiques à contribuer financièrement aux coûts de déploiement des réseaux de télécommunications ». Cet appel avait visiblement été entendu par les instances européennes qui travaillent désormais sur la question.
L’Union européenne divisée sur la question
En juin dernier, 18 ministres des télécommunications des 27 pays membres de l’Union européenne se sont montrés en défaveur d’un prélèvement des grandes entreprises technologiques pour financer les réseaux du continent. Les arguments des entreprises en question, notamment de Meta, semblent avoir trouvé un écho dans les différentes capitales.
La firme de Mark Zuckerberg affirmait que ces entités ne prenaient pas en compte les milliards d’euros déjà investis pour l’amélioration des infrastructures comme le câble sous-marin 2Africa pour connecter l’Europe à l’Afrique, au Moyen-Orient et à l’Asie du Sud. Elle précise aussi que sans elle les opérateurs seraient moins rentables, car ses réseaux seraient bien moins utilisés. Enfin, elle assure que les infrastructures européennes restent très solides, saluant la couverture 5G en Europe qui aurait selon elle, « considérablement augmenté, avec près de trois quarts de la population des pays du bloc ayant désormais accès à la 5G ».
Les 23 et 24 octobre, une nouvelle réunion des ministres européens des télécommunications va se tenir à Leon, en Espagne. Le sujet de l’implication des big tech dans les réseaux européens va évidemment être mis sur la table, et risque de faire débat.