Dans une réponse adressée aux opérateurs télécoms européens, Meta s’oppose à leur proposition de faire participer les géants du Web au financement des réseaux. La société met notamment en avant la robustesse de l’infrastructure européenne, suffisante pour répondre à la demande pour le métavers et autres services Internet dans les décennies à venir.

Les télécoms européens demandent des redevances pour financer le réseau

Fin 2021, treize des principaux opérateurs télécoms européens, dont Orange, demandaient aux grandes plateformes numériques de contribuer au financement des réseaux de télécommunications.

Ils estimaient que ces entreprises « profitent des moyens mis en place, sans y contribuer », assurant que le modèle actuel ne pouvait être durable qu’avec leur participation financière, de manière équitable, aux coûts du réseau. Les trois principaux opérateurs français, Orange à nouveau, SFR et Bouygues Telecom, ont formulé une demande similaire l’année dernière.

Pour la première fois, Meta s’exprime publiquement à ce sujet, et rejette nettement les éléments avancés. Dans un billet de blog, la firme de Mark Zuckerberg affirme que ces propositions de redevances « reposent sur de fausses prémisses car elles ne reconnaissent pas la valeur que les fournisseurs de contenu créent pour l’écosystème numérique, ni les investissements que nous réalisons dans l’infrastructure qui le sous-tend ».

Meta affirme avoir déjà investi massivement dans l’infrastructure européenne

Meta considère occuper des rôles « différents mais complémentaires » dans l’écosystème numérique. Elle investit des dizaines de milliards d’euros chaque année dans ses applications, facilite l’hébergement de contenu, et « crée la demande qui permet aux opérateurs de télécommunications de facturer l’accès à Internet aux utilisateurs », argumente l’entreprise. Selon elle, cet investissement massif « génère littéralement le chiffre d’affaires et le modèle économique des opérateurs ».

La société rappelle avoir investi plus de 100 milliards de dollars dans l’infrastructure numérique mondiale depuis 2017, dont « des milliards d’euros » en Europe. Outre son écosystème d’applications générant un immense trafic, Meta revient sur ses différents investissements destinés à augmenter la capacité des réseaux de télécommunications.

La firme cite notamment ses engagements dans le câble sous-marin 2Africa pour connecter l’Europe à l’Afrique, au Moyen-Orient et à l’Asie du Sud, ainsi que dans le câble Marea. Celui-ci a contribué à hauteur de 18 milliards de dollars chaque année à l’économie européenne, assure Meta, tendance qui devrait « augmenter à mesure que d’autres câbles seront mis en service en 2024 et 2027 ».

Parmi ses autres investissements, l’entreprise souligne être un important client des télécoms européens, avec le financement de « plus d’un demi-milliard d’euros depuis 2018 pour louer ou acheter plus d’un million de kilomètres de fibre terrestre ».

Les réseaux européens déjà très solides, estime Meta

D’après Meta, les grands progrès réalisés par les opérateurs dans le déploiement de technologies comme la fibre optique. « Des marchés importants tels que l’Espagne (89%) et la France (63%) ont investi tôt pour construire leur capacité, avec Orange rapportant des dépenses en capital plus faibles en 2022 en raison d’un déploiement à un stade avancé », souligne-t-elle.

Le groupe salue également la couverture 5G sur le Vieux Continent, qui a « considérablement augmenté, avec près de trois quarts de la population des pays du bloc ayant désormais accès à la 5G ». Meta affirme en outre que « le coût des réseaux 5G s’avère être bien moins cher que prévu », avec une expansion similaire à celle de certaines fréquences de 4G. « Cela permet une réduction significative des prix de déploiement en réutilisant les infrastructures existantes », écrit le géant américain.

Compte tenu de la qualité du réseau européen, Meta dément le besoin d’une capacité plus importante pour supporter le métavers, que l’entreprise considère comme l’avenir d’Internet. Elle explique que son déploiement se fera premièrement à travers la réalité virtuelle. Or, « la quasi-totalité du contenu de réalité virtuelle est actuellement consommée sur des réseaux fixes par le biais du Wi-Fi », assure la société. Elle rappelle aussi que « plus des trois quarts du trafic de Meta en Europe sont acheminés par des réseaux fixes ».

Selon Meta, les prévisions actuelles de l’industrie de télécommunications permettront bientôt d’avoir des latences à domicile beaucoup plus rapides qu’actuellement. Par conséquent, « le réseau européen a plus que suffisamment de potentiel pour répondre à la demande du métavers ».

Une redevance ne serait pas une solution « durable »

La firme vante également ses avancées sur la réalité augmentée, technologie sur laquelle elle travaille avec acharnement avec plusieurs appareils qui devraient être commercialisés dans les années à venir. Elle estime que les lunettes de réalité augmentée, de la même manière que les smartphones, seront exploitées à travers les réseaux fixes, mais aussi mobiles. En Europe, les réseaux fixes et la 5G seront tout à fait capables de supporter cette technologie, estime Meta, compte tenu des efforts fournis pour les perfectionner.

Il n’y a pas de preuves selon lesquelles le métavers nécessitera une capacité décuplée du réseau, selon la société. Si elle reconnaît « les défis auxquels sont confrontés certains opérateurs de télécommunications européens », elle ne considère pas qu’imposer des frais aux entreprises constitue une « solution durable ».

Elle garantit néanmoins qu’elle continuera de travailler avec ses partenaires européens pour « améliorer l’expérience utilisateur, l’efficacité du réseau et donner vie à des expériences immersives ».