Un géant est né. Eutelsat et OneWeb viennent de compléter la fusion de leurs activités satellites. Baptisé Eutelsat Group, la nouvelle entité devient « le premier opérateur mondial de satellites GEO-LEO (Ndlr : satellites géostationnaires, satellites en orbite basse) intégrés ».

« Un moment historique pour l’industrie satellitaire »

Les deux firmes ont signé un protocole d’accord en juillet 2022, et annoncent finalement leur fusion après que les actionnaires d’Eutelsat ont voté en faveur de celle-ci ce 28 septembre. L’accord, évalué à 3,4 milliards de dollars, combine les satellites géostationnaires d’Eutelsat avec la constellation en orbite basse de OneWeb. Il s’agit du premier opérateur mêlant les deux technologies, ce qui est essentiel pour répondre à la demande croissante de connectivité dans le monde.

L’entité sera plus armée pour concurrencer SpaceX, dont la constellation Starlink prend de plus en plus d’ampleur dans le monde. « Il s’agit d’un moment historique pour l’industrie satellitaire. Nous regroupons deux activités qui se positionnent à l’avant-garde dans la fourniture de services de connectivité intégrés, fiables et sans rupture, partout dans le monde », s’est enthousiasmé Dominique D’Hinnin, président du Conseil d’administration d’Eutelsat.

OneWeb opérera en tant que filiale d’Eutelsat, appelée Eutelsat OneWeb, avec son centre basé à Londres. Pour sa part, Eutelsat reste basée dans la capitale française. Elle a demandé une cotation à la Bourse londonienne, en plus de sa présence à la Bourse de Paris.

Le réseau en orbite basse à faible latence de OneWeb jouera un rôle clé dans le pivot d’Eutelsat vers les services de connectivité. Cette transition est considérée comme cruciale pour le retour de la croissance de l’opérateur français, après une baisse de ses ventes annuelles.

Un risque pour IRIS2 ?

La fusion va permettre aux deux sociétés de progresser dans leurs plans communs pour un réseau LEO de deuxième génération de 4 milliards de dollars, qui devrait entrer en service d’ici début 2028. Dans un communiqué, Bruno Le Maire, ministre français de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, « salue » l’opération.

« Face à une concurrence internationale accrue, la création d’Eutelsat Group renforce l’offre européenne de services de télécommunications par satellites, domaine dans lequel la France a été précurseur en fabriquant les premières constellations », commente-t-il. Il rappelle également le soutien du gouvernement à la constellation IRIS2 prévue par l’Union européenne (UE).

La fusion pourrait néanmoins mettre à mal la présence d’Eutelsat dans le projet. Si la participation britannique sera suffisamment cantonnée, affirme l’entreprise, un haut-commissaire de l’Union européenne a mis en garde contre un conflit d’intérêts potentiel, le Royaume-Uni ne faisant plus partie de l’UE.

Le ministre britannique des sciences, George Freeman, a été clair. La participation du gouvernement britannique dans la nouvelle société et son siège au conseil d’administration contribueront à faire en sorte que le Royaume-Uni reste le lieu privilégié de l’activité commerciale de OneWeb, a-t-il indiqué.