Afin d’assouvir ses ambitions d’autosuffisance technologique, la Chine sait qu’elle doit prendre de l’avance sur ses concurrents en matière de semi-conducteurs. Tandis que le gouvernement chinois souhaite mettre en place un fonds d’investissement de 300 milliards de yuans, environ 38 milliards d’euros, pour y parvenir, il semblerait qu’elle soit confrontée à quelques difficultés.
Le retour du Big Fund en Chine pour développer des machines de fabrication de semi-conducteurs
Ce troisième cycle de financement vise à stimuler la production d’équipements de fabrication de puces électroniques, et est affilié au Big Fund, une entité destinée à soutenir l’industrie chinoise des composants électroniques. ASML, l’entreprise néerlandaise leader sur le marché, propose des machines de lithographie extrême ultraviolet (EUV), qui sont particulièrement utiles pour la conception de semi-conducteurs de pointe.
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Néanmoins, les États-Unis ont convaincu les Pays-Bas de s’aligner sur leurs restrictions à l’égard de l’Empire du Milieu. Ainsi, ASML n’a plus la possibilité de commercer avec des entreprises chinoises afin de leur vendre son matériel. Par le passé, l’initiative du Big Fund avait par deux fois réussi à lever 139 milliards et 200 milliards de yuans (18 milliards 26 milliards d’euros) pour soutenir les champions chinois des composants électroniques, tout en investissant dans la recherche et le développement.
Le financement du troisième cycle semble être plus difficile pour le gouvernement. Le ministère chinois des finances a été celui qui a contribué le plus lors des deux premières étapes, mais à présent Pékin souhaite que les gouvernements locaux et les entreprises publiques investissent davantage pour permettre à la Chine d’atteindre sa propre autonomie technologique.
La politique menée par Pékin freine indirectement ses ambitions d’autosuffisance technologique
Selon les informations du Financial Times, le ministère de l’Industrie et des Technologies de l’information qui dirige l’initiative, a du mal à convaincre ces entités. Trois personnes proches du projet, ont affirmé qu’elles avaient du mal à dégager une enveloppe dédiée au fonds d’investissement, car touchées de plein fouet « par le ralentissement économique ».
Bien entendu, la guerre en Ukraine a fait grimper l’inflation et les taux d’intérêt à travers le monde, mais la situation en Chine s’explique également par d’autres facteurs. Avec la politique zéro Covid menée par le gouvernement chinois, de nombreuses usines ont dû fermer leurs portes ce qui a engendré la paralysie de différents secteurs d’activité dans plusieurs villes.
En parallèle, le pays a décidé de reprendre en main le secteur du numérique, cherchant à combler l’absence de réglementations assurant aux géants de la Tech une très grande liberté d’action. De nombreuses sociétés ont été rétroactivement sanctionnées pour l’occasion. Ce n’est que depuis le mois de juillet que Pékin a mis un terme à cette campagne, basculant dans une nouvelle ère, celui de la relance économique.
Le Big Fund a subi un grave revers lors d’une vaste enquête anti-corruption, qui a visé une douzaine de dirigeants associés au fonds, entraînant ainsi une baisse des investissements. Cette affaire est toujours présente dans les mémoires des gouvernements locaux et des entreprises chinoises, ce qui explique leur hésitation à participer au troisième cycle de financement lancé par Pékin.