Privée par les États-Unis des puces les plus avancées, la Chine a besoin plus que jamais de gagner en autonomie sur ce secteur. Un fonds d’investissement de 300 milliards de yuans, 38,2 milliards d’euros, serait en préparation pour atteindre ce but. Il sera rattaché au « Big Fund », la discrète entité créée pour soutenir l’industrie chinoise des semi-conducteurs.
L’autosuffisance, la difficile quête de la Chine
Le nouveau fonds d’investissement devrait établir un record. Selon les informations de Reuters, il a été approuvé ces derniers mois. Son lancement officiel devrait encore prendre plusieurs mois, le temps de réunir les contributeurs et des changements sont toujours envisageable.
Inscrivez-vous à la newsletter
En vous inscrivant vous acceptez notre politique de protection des données personnelles.
L’agence de presse précise toutefois que ce fonds doit servir à dynamiser la production d’équipement de fabrication de puces. Hasard du calendrier, en janvier les Pays-Bas et le Japon ont rejoint les États-Unis pour restreindre les exportations de technologies liées aux semi-conducteurs vers la Chine. Les deux pays disposent des entreprises à l’origine des outils de semi-conducteurs les plus perfectionnés. Les mesures prises sont entrées en vigueur en juillet et septembre.
En ciblant les semi-conducteurs, Washington a touché un point faible de l’Empire du Milieu. En 2014, avec le plan « Made in China 2025 » le pays a tenté de tendre vers l’autosuffisance via son « Big Fund », de son vrai nom : Fonds d’investissement pour l’industrie des circuits intégrés de Chine.
Initialement alimenté par 138,7 milliards de yuans (17,7 milliards d’euros), une deuxième phase enclenchée en 2019 a ajouté 200 milliards de yuans (25,5 milliards d’euros). Le Big Fund a soutenu les plus importantes sociétés chinoises de semi-conducteurs les fondeurs comme Semiconductor Manufacturing International Corporation (SMIC) et Hua Hong Semiconductor ou le spécialiste des puces mémoire, Yangtze Memory Technologies Corp.
La quête d’autosuffisance dans le monde des puces revêt une importance capitale en Chine. Une série télévisée y est même consacrée. Certains efforts paient, avec des succès mis en exergue dans les médias officiels. La capacité de Huawei à sortir un nouveau téléphone haut de gamme, malgré les sanctions américaines et avec une puce performante, est largement saluée.
En revanche, le retard technologique accumulé par la Chine est très difficile à rattraper. L’industrie des semi-conducteurs est la plus consommatrice en recherche et développement. Rares sont les groupes, à l’échelle mondiale, à pouvoir produire les composants les plus avancés.
La Chine et son Big Fund souffrent d’une autre difficulté : la corruption. Une enquête ouverte en 2022 contre plusieurs hauts responsables de la structure vise en particulier Sino IC Capital, l’entité gestionnaire du fonds. Elle devrait cependant être à nouveau à la manœuvre pour cette troisième phase de financement.