Ce mercredi 8 mars, le gouvernement néerlandais a annoncé que des restrictions seraient imposées sur l'exportation de machines destinées à la fabrication de semi-conducteurs, quelques semaines après avoir établi un accord avec les États-Unis et le Japon pour bloquer l’accès de la Chine à ces technologies.

Première communication officielle des Pays-Bas à ce sujet

Ces trois pays, avec des entreprises comme ASML, Tokyo Electron ou Applied Materials, sont en effet les principaux détenteurs de ces machines de pointe, et disposent de l'expertise nécessaire pour fabriquer les semi-conducteurs les plus avancés au monde. À la fin du mois de janvier, leurs dirigeants se sont rencontrés et se sont accordés pour largement restreindre la livraison de ce matériel à la Chine ; pour la première fois, le gouvernement des Pays-Bas s’est exprimé à ce sujet.

Dans une lettre adressée aux législateurs néerlandais, Liesje Schreinemacher, ministre du commerce extérieur, explique que de nouvelles mesures seront prochainement appliquées sur l'exportation d’équipements de fabrication de semi-conducteurs. Si la Chine n’est pas explicitement citée, il ne fait pas l’ombre d’un doute qu’elle est la principale cible de ces futures directives.

« Compte tenu des développements technologiques et du contexte géopolitique, le gouvernement a conclu qu'il était nécessaire, pour la sécurité (inter)nationale, d'étendre les contrôles existants sur les exportations d'équipements spécifiques de fabrication de semi-conducteurs », écrit la ministre. Elle assure également que cet effort vise à « empêcher les produits néerlandais de contribuer à des utilisations finales indésirables, telles que le déploiement militaire ou la fabrication d'armes de destruction massive ».

ASML communique dans la foulée

ASML, plus grande entreprise technologique européenne en termes de valeur marchande et unique fabricant au monde de certains systèmes de lithographie, un procédé essentiel dans la conception de semi-conducteurs, a publié un communiqué de presse suite aux déclarations du gouvernement néerlandais. Elle a notamment expliqué qu’elle serait contrainte d’obtenir des licences d'exportation pour ses systèmes « les plus avancés ».

Pour rappel, l’entreprise a interdiction d’exporter sa technologie de lithographie par rayonnement ultraviolet extrême vers la Chine depuis 2019, mais elle continue d’y acheminer des systèmes de lithographie de qualité inférieure. La société se doit d’accepter les nouvelles restrictions, mais le fait sans enthousiasme, la Chine comptant pour 18 % de son chiffre d’affaires.

« Il est important de considérer que les contrôles supplémentaires à l'exportation ne concernent pas tous les outils de lithographie par immersion, mais seulement "les plus avancés". Bien qu'ASML n'ait pas reçu d'informations supplémentaires sur la définition exacte de l'expression "les plus avancés" », s’étonne l’entreprise. Elle précise en outre que ces restrictions ne devraient pas affecter ses revenus en 2023.

Comme le note Bloomberg, si l'affirmation d'ASML est correcte, les nouvelles règles pourraient ne pas être à la hauteur des restrictions imposées par les États-Unis à leur propre industrie des équipements pour semi-conducteurs. En octobre dernier, le pays a mis en place des mesures radicales de restriction des exportations, bloquant l'envoi d'une multitude de technologies à toute entreprise chinoise.