Les équipementiers Huawei et Ericsson ont annoncé le 25 août la signature d’un accord de licences croisées de brevets. Elles ont négocié, au terme « de discussions intensives » selon le groupe chinois, un accord de « long terme » portant sur les infrastructures réseau et les appareils grand public.

Ericsson et Huawei sont en paix

Ericsson présente l’accord avec son concurrent chinois comme le renouvellement d’un accord de licence de brevet mondial. Les technologies concernées couvrent la 3G, la 4G et la 5G. Dans son communiqué, Huawei se félicite qu’en signant cet accord « c’est à la fois donner et recevoir l’accès à des technologies clés ».

Pour Alan Fan, directeur du département propriété intellectuel de Huawei, cette coopération permet « de garantir que les intérêts des détenteurs de brevets et de ceux qui les mettent en œuvre soient servis équitablement ». Le son de cloche est similaire du côté de son homologue chez Ericsson, Christina Petersson. Elle y voit une manière de favoriser « un développement industriel sain et durable au bénéfice des consommateurs et des entreprises du monde entier ».

L’entreprise chinoise est progressivement passée de consommatrice de brevets à émettrice. Comme le claironne son communiqué « Huawei était en tête du classement [en 2022] des demandeurs de l’Office européen des brevets pour le nombre de demandes de brevet déposées, avec 4 505 demandes ». Elle dispose de 20 % des brevets mondiaux sur la 5G.

En 2022, Huawei a dégagé, grâce à sa propriété intellectuelle, 560 millions de dollars. Ericsson n’est pas en reste avec des prévisions de revenus atteignant près d’un milliard de dollars.

Le Financial Times rapporte que ce type d’arrangement est relativement courant et peut s’assimiler à une sorte de traité de paix. Pour Huawei c’est aussi un moyen d’approfondir sa stratégie de monétisation de ses brevets en compensation des pertes subies sur les marchés occidentaux depuis les sanctions américaines de 2019.

Ironiquement, parmi les pays occidentaux qui ont interdit les équipements de télécommunication de Huawei, figure la Suède, pays d’origine d’Ericsson. Pékin n’avait pas hésité, à l’époque, à menacer Stockholm de rétorsion contre son champion.

Leader de la 5G, Huawei a été frappé à son apogée. Ces dernières années le groupe s’efforce de redresser les pertes subies en réorientant ses activités, non sans succès. Toutefois le temps n’a pas apaisé les soupçons de proximité avec le Parti communiste Chinois, voire d’espionnage à son profit. L’Union européenne envisagerait toujours d’interdire ses technologies dans tous ses États membres, alors que Berlin continue d’enquêter sur la société.