« Nous interdirons les composants s’ils présentent un risque sérieux pour la sécurité », a tenu à rappeler Nancy Faeser, ministre de l’Intérieur de l’Allemagne, à propos de Huawei. Une enquête sur le matériel de télécommunication 5G de l’entreprise chinoise est toujours en cours. Lors d’une interview publiée le 18 août, la ministre prévient les opérateurs qu’ils devront se plier à la décision du gouvernement fédéral en cas d’interdiction.

L’Allemagne trop dépendante de Huawei ?

Nancy Faeser a tenu à afficher sa fermeté dans les colonnes du quotidien économique allemand Handelsblatt. Son message est clair, si l’audit de sécurité sur les composants d’entreprises chinoises conclut à un risque pour la sécurité nationale, Huawei et ZTE devraient être exclus des infrastructures de télécommunication allemandes.

Elle s’en est prise en creux aux opérateurs, dont le plus important, Deutsche Telekom, ayant des accords avec Huawei, « nos autorités de sécurité ont mis en garde à plusieurs reprises contre les dépendances unilatérales ». Selon elle « les prestataires ont eu suffisamment de temps pour s’adapter ».

En 2022, 59 % du réseau 5G allemand provient de fournisseurs chinois comme Huawei ou ZTE, selon un rapport de Strand Consult. Un texte dénonçant « l’approche laxiste du gouvernement allemand en matière d’infrastructure de communication ».

Cette critique n’est pas neuve. Depuis 2019, Washington s’échine à convaincre ou inciter plus ou moins subtilement ses alliés à exclure Huawei et ZTE de leurs réseaux. Les États-Unis avancent le risque d’espionnage, d’entreprises accusées d’être proches du Parti communiste chinois. Des accusations qui ont toujours été rejetées vigoureusement par ces deux groupes et Huawei en particulier.

Beaucoup de pression pour l’abandon

L’Allemagne, malgré la pression des États-Unis et tout récemment et indirectement de l’Union européenne, n’a pas banni le matériel de télécommunication chinois. Elle n’a pas non plus pris de mesure similaire à l’hexagone : l’installation d’équipement chinois est soumise à approbation de l’ANSSI et interdite dans les zones sensibles comme Paris, ou la ville de l’aérospatial en France, Toulouse.

Le pays qui compte 25 % des clients mobiles européens s’est contenté de multiplier les audits de sécurité. Nancy Faeser elle-même en avait annoncé un nouveau en avril.

Cette dernière semble vouloir faire comprendre aux entreprises partenaires de Huawei et ZTE que Berlin ne fléchira pas si des risques sont attestés, « les opérateurs de réseau devront agir et démonter les composants », a asséné la ministre du Parti social-démocrate. Elle a assuré que le coût de l’opération ne serait pas un argument valable. Aux États-Unis, retirer les équipements des entreprises chinoises déjà installés a été évalué à 5,6 milliards de dollars.