Nouveau rebondissement dans l’affaire du déploiement de la 5G en Allemagne. Nancy Faeser, la ministre de l’Intérieur a déclaré, le 16 avril, vouloir vérifier, une nouvelle fois, la sécurité des réseaux mobiles allemands. Une attention particulière devrait être apportée aux composants des entreprises chinoises Huawei et ZTE. Cette décision survient un mois après que le gouvernement allemand ait songé à interdire les deux entreprises chinoises de son infrastructure 5G.

Berlin se montre indécis

« Nous devons protéger nos réseaux de communication », a déclaré Nancy Faeser au média allemand Bild am Sontag, rapporté par le Stern. « C’est pourquoi nous examinons de très près tous les composants chinois déjà installés dans le réseau 5G », expliquait-elle.

Cette inquiétude était déjà partagée un mois auparavant par l’Agence gouvernementale de cybersécurité et le ministère de l’Intérieur allemand. Si les institutions ont déjà réalisé une première vérification, elles semblent vouloir remettre le couvercle. Au cœur de leurs interrogations se trouvent Huawei et ZTE, dont les équipements représentent la grande majorité du réseau allemand. À lui seul, Huawei compte pour 59 % de l’infrastructure du pays.

Berlin estime que les deux géants sont trop proches du gouvernement chinois et craint pour sa sécurité nationale. En d’autres termes, l’Allemagne redoute que Pékin puisse accéder à son réseau de télécommunication en passant par les composants et les appareils de Huawei et ZTE. Si les doutes étaient amenés à se confirmer, les sociétés pourraient être bannies du territoire germanique et leurs équipements remplacés.

La 5G de Huawei et ZTE déjà interdite dans de nombreux pays

Ce ne serait pas une première pour Huawei et ZTE. Fin novembre, après avoir été accusé de nombreuses années par les États-Unis d’être une porte d’entrée à l’espionnage de Pékin, Washington interdisait entièrement la commercialisation et l’importation de produits de plusieurs entreprises chinoises, dont Huawei et ZTE. C’est également le cas du Royaume-Uni, du Canada, de la Suède et de l’Inde.

Toutefois, d’après une étude sur le marché réalisée par le cabinet spécialisé Strand Consult, les fournisseurs chinois sont installés dans 31 pays européens. Dans huit d’entre eux, ils représentent plus de la moitié des équipements. John Strand, son fondateur, confiait à Politico qu’« il était plus dangereux d’être dépendant des réseaux télécoms chinois que d’être dépendant du gaz russe. L’infrastructure numérique est le fondement de la société ».

Le rapport affirme que « l’Allemagne ne semble pas prendre au sérieux la menace que représente la Chine pour sa sécurité ». Face à ces allégations, un porte-parole de Huawei contacté par Siècle Digital tenait à rappeler que Huawei n’est qu’« un simple équipementier » ne possédant pas la capacité « d’accéder aux réseaux de nos clients sans leur autorisation ». La décision de Berlin quant à la dangerosité des équipements chinois devrait prendre encore plusieurs mois avant d’être rendue.