Les pays européens semblent assez peu réceptifs aux avertissements de Washington sur les menaces de sécurités que représenteraient les fournisseurs chinois d’outils de télécommunications 5G. C’est en tout cas ce que semble regretter le cabinet spécialisé Strand Consult, basé à Copenhague, dans sa dernière étude sur le marché 5G Radio Access Networks (RAN).

Les opérateurs européens passent par un grand nombre d’équipements 5G d’origine chinoise

Les entreprises chinoises, principalement Huawei et ZTE, fourniraient 59 % des équipements RAN 5G de l’Allemagne, un chiffre plus important qu’avec la 4G. Huit pays européens, parmi les plus importants, sur les 31 couverts par le rapport, seraient équipés à plus de 50 % chez des fournisseurs chinois. Alarmiste, le rapport note que Huawei à une part de marché plus forte à Berlin qu’à Pékin, du fait de la concurrence de ZTE en Chine.

Strand Consult se félicite toutefois que 41 % des abonnées mobiles 5G européens passent par de la technologie chinoise, contre 51 % dans le cas de la 4G. Onze pays, surtout les plus petits, ont également ce que Strand Consult appelle un « réseau propre », comprendre sans produits chinois. La France fait figure de bon élève avec 17 % de kit 5G, moins que sur la 4G.

carte de l'Europe 5G

Crédit : Strand Consult

Il s’agit les principaux chiffres mis en évidence par Strand Consult sur son étude à paraître « Le marché du RAN 5G en Europe : Part des fournisseurs chinois et non chinois dans 31 pays européens ». Le cabinet revendique « créer de la transparence dans le monde des télécommunications ».

John Strand, fondateur du cabinet, souhaite alerter sur la présence, persistante, d’acteurs chinois en Europe dans le secteur de la 5G RAN. Il a déclaré à Politico, « Il est plus dangereux d’être dépendant des réseaux télécoms chinois que d’être dépendant du gaz russe. L’infrastructure numérique est le fondement de la société ».

Les États-Unis accusent les produits Huawei de ne pas être sécurisés, l’entreprise s’en défend

Depuis 2018 Washington reproche à Huawei et ZTE d’être des portes ouvertes à l’espionnage de Pékin. Huawei a toujours rejeté ces accusations, critiquant un discours américain avant tout protectionniste. Malgré l’adoption de lois, sous la pression des États-Unis, pour réduire l’accès des entreprises chinoises aux infrastructures de télécommunications européennes, le marché est resté important pour ces dernières.

Le rapport de Strand Consult, particulièrement sévère avec « l’approche laxiste » du gouvernement allemand, s’inquiète que beaucoup de ces lois ne soient que très partiellement mises en œuvre. Un regret partagé, rappelle Politico, avec la vice-présidente de la commission Margrethe Vestager en novembre, « un certain nombre de pays ont adopté des lois, mais ne les ont pas mises en œuvre… Les faire fonctionner est encore mieux ».

Contacté par Siècle Digital, Huawei, directement cité par l’étude, n’a pas souhaité commenter « un rapport qui diffuse des informations inexactes et semble souffrir d’un biais évident contre les entreprises chinoises ». L’entreprise a toutefois tenu à préciser qu’elle respecte les lois des pays dans lesquels elle opère, avoir été transparente et échanger avec les autorités continuellement et poursuivre dans cette voie. Par ailleurs, Huawei a souhaité rappeler qu’il est « un simple équipementier » et qu’il lui est donc « impossible d’accéder aux réseaux de nos clients sans leur autorisation ».

Edit 22/12/22 – 10h55 : ajout de la réaction de Huawei