Quatre ans après le début des restrictions américaines, Huawei retrouve des couleurs. L’entreprise chinoise spécialisée dans le secteur de la télécommunication a publié, le 11 août, des résultats semestriels en hausse pour son exercice 2023-2024. Sur la période de janvier à juin, le chiffre d’affaires de l’entreprise a atteint 39,2 milliards d’euros, soit une croissance de 3,1 % par rapport à la même période l’année précédente.

Huawei n’abandonne pas le marché des smartphones

Huawei n’avait pas eu un chiffre d’affaires semestriel en hausse depuis 2020. Sur ses différentes branches d’activité, les infrastructures télécoms et de réseaux ont généré plus de 21 milliards d’euros de revenus. Quant aux ventes de smartphones, elles atteignent 13 milliards d’euros. Très loin des 46,2 milliards d’euros de ventes de 2018, un résultat qui avait propulsé l’entreprise comme une menace sérieuse pour Samsung et Apple.

Plusieurs événements ont réduit considérablement l’influence du groupe sur ce secteur. Depuis quelques années, l’entreprise est au centre d’une guerre technologique et commerciale entre Pékin et les États-Unis. Le 1er décembre 2018, Meng Wanzhou, fille du patron de Huawei, a été arrêtée à l’aéroport de Vancouver à la demande de Washington. Elle était accusée d’avoir contourné les sanctions internationales pour faire des affaires avec l’Iran. Dans les mois qui suivent, Donald Trump a accusé l’entreprise de se livrer à des activités d’espionnage en faveur de Pékin. Une des raisons principales de ces allégations : Ren Zhengfei, fondateur et PDG de Huawei, est un ancien militaire et membre du parti communiste chinois.

En mai 2019, Washington a interdit aux entreprises américaines de vendre des puces de smartphone à Huawei. En novembre 2022, Joe Biden a décidé de resserrer davantage l’étau en interdisant la vente sur le territoire américain de nouveaux équipements de télécommunication par Huawei et un autre groupe chinois ZTE. Ces événements ont considérablement affaibli la division smartphones et d’infrastructure 5G de l’entreprise et l’ont contraint d’explorer d’autres domaines de croissance.

La multinationale a investi dans des secteurs variés passant du cloud, à l’intelligence artificielle, à l’énergie ou encore l’automobile avec sa marque Aito. Au premier semestre 2023, l’informatique dématérialisée a généré 3 milliards d’euros. Les solutions technologiques automobiles, comme la conduite autonome, ont enregistré des revenus de 125 millions d’euros. Cette diversification des revenus commence à porter ses fruits.

Huawei n’a, toutefois, pas abandonné ses activités traditionnelles : le marché des smartphones et des infrastructures télécoms. Les restrictions américaines ont obligé le géant chinois à adopter une stratégie de fabrication maison. Privé d’Android, la société a lancé son propre système d’exploitation mobile, HarmonyOS le 9 août 2019. Ce nouveau système est en pleine évolution et reçoit constamment des mises à jour. Depuis quelques semaines, les utilisateurs peuvent, notamment, discuter avec un assistant piloté par une intelligence artificielle.

Malgré les interdictions dans plusieurs pays, le mastodonte de Shenzhen reste le leader en équipement 5G. En Europe, les pays ne sont pas tous d’accord sur l’utilisation des technologies chinoises. Par exemple, le réseau roumain est soutenu à 76 % par la Chine, aux Pays-Bas, ce chiffre atteint les 72 %.