Intel a décidé d’abandonner le rachat de l’entreprise Tower après avoir échoué à obtenir l’aval des autorités chinoises. Cette déconvenue témoigne de l’impact des relations sino-américaines tendues sur l’industrie technologique, en particulier sur le secteur des semi-conducteurs.
Intel va verser une indemnité à Tower
Annoncée en février 2022 pour 6 milliards de dollars, cette acquisition devait permettre à Intel de capitaliser sur les clients et l’expertise de Tower. La firme ambitionnait de combiner les usines de son réseau au fur et à mesure qu’elles vieillissent avec la liste des clients de Tower. Les semi-conducteurs de la société israélienne sont en effet adaptés aux attentes du secteur automobile, pour la fabrication d’équipements industriels ou médicaux.
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Lorsque la transaction a été annoncée, le géant américain s’était donné 12 mois avant sa complétion. En octobre 2022, il a cité le premier trimestre 2023 avant de repousser cette date au second trimestre. Finalement, Intel n’a jamais obtenu l’accord de la Chine pour compléter l’acquisition, malgré une visite récente du PDG Pat Gelsinger dans le pays. La deadline était fixée au 15 août. Sans cet aval, l’entreprise est dans l’incapacité de mener le rachat à bien, mis à part si elle décide de négocier une extension de son contrat avec Tower.
Le groupe n’a pas choisi cette alternative. Il va verser à Tower une indemnité de rupture de 353 millions de dollars pour se retirer de la transaction.
Une conséquence des tensions géopolitiques entre la Chine et les États-Unis
L’acquisition faisait partie du vaste plan d’Intel pour renforcer ses activités de fonderie, c’est-à-dire la fabrication de puces pour le compte d’autres entreprises. Ce marché est largement dominé par le taïwanais TSMC. La société américaine investit massivement dans la construction d’usines à travers le monde, dont un généreux chèque de 25 milliards de dollars en Israël, selon le premier ministre du pays, Benjamin Netanyahu.
Sa stratégie porte pour le moment ses fruits. Au cours du deuxième trimestre, l’activité de fonderie d’Intel a enregistré un chiffre d’affaires de 232 millions de dollars, contre 57 millions de dollars un an plus tôt. Néanmoins, la baisse de la demande et le contexte macroéconomique l’ont poussé à revoir ses plans. Elle s’est engagée à réduire ses dépenses de 3 milliards de dollars cette année, avec pour objectif d’économiser entre 8 et 10 milliards de dollars d’ici à la fin de 2025.
Le refus de la Chine de se prononcer dans le rachat de Tower met en exergue la manière dont les tensions entre les États-Unis et la Chine se répercutent sur les transactions entre entreprises. Ceci est d’autant plus vrai dans le secteur des semi-conducteurs, qui cristallise parfaitement la guerre commerciale dans laquelle s’affronte les deux premières puissances mondiales.