La Commission européenne a décidé de lancer une enquête approfondie sur le rachat de Figma par Adobe. Les régulateurs estiment que « l’opération peut réduire la concurrence sur les marchés mondiaux de la fourniture de logiciels de conception de produits interactifs et d’outils de création d’actifs numériques ».

Un possible risque pour la concurrence

Annoncée en septembre 2022 pour 20 milliards de dollars, l’acquisition va permettre à Adobe de compléter plusieurs applications de la suite Creative Cloud avec les technologies de Figma.

Très rapidement, les régulateurs de plusieurs pays se sont intéressés au rachat ; d’une part car il implique une somme particulièrement élevée et de l’autre, en raison de la similitude entre la plateforme de conception de produits Adobe XD et le service le plus populaire de Figma. Il était fort probable que la Commission européenne souhaite approfondir son enquête sur l’opération, et c’est désormais chose faite.

Elle se donne jusqu’au 14 décembre pour déterminer si cette dernière présente un risque anticoncurrentiel. L’enquête va ainsi chercher à savoir si le rachat aura une incidence sur le marché des logiciels de conception. La Commission considère Figma comme le « leader incontesté du marché » des outils de conception de produits interactifs et note qu’il est peu probable que d’autres acteurs « crédibles » entrent sur le marché après l’acquisition.

Elle explique que Figma exerce actuellement une « influence contraignante » sur Adobe. Son acquisition pourrait donc l’empêcher de continuer à jouer son rôle de « concurrent efficace ».

D’autres régulateurs sont sur le coup

« Adobe et Figma sont deux fournisseurs majeurs de logiciels pour la communauté créative dans la sphère numérique. De nombreux utilisateurs et entreprises s’appuient sur leurs outils de conception numérique pour exceller dans leur travail. Notre enquête approfondie vise à garantir que les utilisateurs continuent d’avoir accès à un large éventail d’outils de création numérique parmi lesquels choisir », a commenté Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive chargée de la concurrence à la Commission.

Aux États-Unis, le département de la Justice s’intéresse également à l’acquisition, tandis que l’autorité antitrust britannique mène aussi une enquête. Cette dernière devrait s’achever avant le 27 décembre 2023.

Dans le cas de la Commission européenne, l’enquête approfondie ne signifie pas nécessairement que le rachat sera bloqué. Elle a en effet pour habitude d’imposer des conditions aux entreprises pour que l’acquisition soit menée à bien, plutôt que d’empêcher l’opération. C’est ce qu’il s’est passé avec les rachats d’Activision Blizzard par Microsoft et de VMware par Broadcom.