Le 15 septembre, Adobe annonçait fièrement avoir conclu un accord pour racheter Figma. Montant de l’opération : 20 milliards de dollars. Si ce rapprochement peut sembler logique dans une consolidation de marché, Adobe fait main basse sur un concurrent, ce qui pourrait déséquilibrer l’ensemble du secteur.

Logiquement, le DOJ, (département américain de la justice) prépare une enquête approfondie sur cette acquisition. C’est ce que révèle Politico, qui ajoute que le département a déjà commencé à contacter des clients des deux protagonistes, mais aussi des concurrents et des investisseurs.

Du haut de ses 140 milliards de dollars de capitalisation, Adobe est de loin l’entreprise la plus puissante de son secteur. Au fil du temps, Figma a conquis de nombreux créatifs grâce à sa simplicité et ses fonctions de collaboration. Cependant, l’application apparaît plus comme une outsider malgré sa renommée. À l’annonce du rapprochement entre les deux entités, bon nombre de ses utilisateurs ont fait part de leurs préoccupations vis-à-vis de l’intégration de Figma à la suite d’outils d’Adobe. Le prix va-t-il augmenter ? La feuille de route de développement de l’application sera-t-elle revue à la baisse ?

Le poids d’Adobe sur son marché pourrait lui laisser les coudées franches pour repenser l’offre actuelle de logiciels de design d’interface, déjà peu concurrentielle et déséquilibrée. Un des acteurs, Sketch, a d’ailleurs annoncé le mois dernier une réduction de ses effectifs. Si Figma n’est pas concurrente des services comme Photoshop, Illustrator, ou Lightroom, elle fait de l’ombre à XD. Une ombre qui s’est étendue au fil des années.

Le DOJ et la FTC s’attarderont donc certainement sur l’état du marché post-acquisition, afin de ne pas reproduire les erreurs passées. Trop peu vigilantes à une époque, les deux entités ont su faire preuve d’autocritiques sur les rachats d’Instagram et de WhatsApp par Facebook (aujourd’hui Meta) pour ne citer qu’eux. La nomination récente de Lina Khan à la tête de la FTC est un signal supplémentaire, confirmant la volonté de l’administration Biden de redoubler d’attention sur les fusions dans les secteurs de la tech.