La Commission européenne vient d’approuver le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft pour 68,7 milliards de dollars, soit la plus grande transaction dans le domaine de la technologie grand public depuis deux décennies. Les régulateurs de l’Union européenne (UE) se positionnent ainsi à contre courant de leurs homologues américains et britanniques.

Rachat validé, à plusieurs conditions

C’était le bruit de couloir depuis la rencontre entre le président de Microsoft, Brad Smith, et les régulateurs européens en février dernier. L’Union européenne donne son feu vert à la plus grande acquisition de l’histoire du jeu vidéo après avoir obtenu des garanties de la part de la firme de Redmond, qu’elle estime suffisantes pour ne pas menacer le secteur du cloud gaming.

En effet, Microsoft a passé des accords avec plusieurs grands noms de l’industrie comme Nvidia et Nintendo afin que les jeux développés par Activision Blizzard soient disponibles pendant 10 ans sur leurs services de cloud gaming. La plus grande crainte des régulateurs européens était la possibilité que Microsoft décide de rendre ces titres exclusifs à son propre écosystème.

Les consommateurs détenant un jeu d’Activision pourront diffuser ce titre sur la plateforme de cloud gaming de leur choix. Microsoft offrira également des licences libres de droits aux plateformes de cloud gaming pour diffuser les jeux d’Activision, si l’utilisateur les a achetés. Concrètement, les joueurs n’auront pas nécessairement besoin de diffuser le jeu sur la même plateforme où il aura été acquéri, à la demande des régulateurs européens. En parallèle, la Commission n’estime pas que le rachat pose un problème dans le secteur des consoles, largement dominé par Sony avec la PlayStation.

« Notre décision représente un pas important dans cette direction, en mettant les jeux populaires d’Activision à la disposition de beaucoup plus d’appareils et de consommateurs qu’auparavant grâce à la diffusion de cloud gaming. Les engagements proposés par Microsoft permettront pour la première fois la diffusion en continu de ces jeux dans n’importe quel service de cloud gaminf, ce qui renforcera la concurrence et les possibilités de croissance », s’est enthousiasmée Margrethe Vestager, vice-présidente chargée de la concurrence à la Commission.

Des affaires en cours au Royaume-Uni et aux États-Unis

Il s’agit d’une petite victoire pour les deux entreprises, mais l’acquisition est encore loin d’être complétée. La Federal Trade Commission (FTC), agence antitrust américaine, a intenté une procédure pour la bloquer. L’affaire en est encore au stade de la recherche de documents. Une audience de présentation des preuves est prévue pour le 2 août, rapporte The Verge.

La Competition and Markets Authority (CMA), organisme britannique qui surveille les pratiques anticoncurrentielles, s’est fermement opposée au rachat, estimant qu’il représentait un danger pour la concurrence dans le domaine du cloud gaming. La CMA a même passé un décret provisoire pour empêcher tout investissement entre Microsoft et Activision Blizzard.

D’ailleurs, l’agence britannique a exprimé son mécontentement face à la décision de l’UE. « Les propositions de Microsoft, acceptées par la Commission européenne aujourd’hui, permettraient à Microsoft de fixer les conditions de ce marché pour les 10 prochaines années. Elles remplaceraient un marché libre, ouvert et concurrentiel par un marché soumis à une réglementation permanente des jeux que Microsoft vend, des plateformes auxquelles elle les vend et des conditions de vente », a-t-elle déclaré.

Microsoft et Activision ont fait appel de la décision de la CMA. Il faudra attendre encore de longs mois pour connaître l’issue de l’affaire ; s’il y a des chances pour que l’acquisition soit approuvée aux États-Unis, il est bien plus rare que les résolutions de la CMA soient inversées.