Après plusieurs mois d’investigations, la commission d’enquête du Sénat chargée d’étudier la « stratégie d’influence » de TikTok a rendu son verdict. Si l’application ne se plie pas aux exigences des législateurs, ces derniers préconisent sa suspension en France pour des raisons de sécurité nationale.

Une suspension si les exigences ne sont pas rencontrées

TikTok est dans la tourmente. Menacée par un projet de loi visant à l’interdire aux États-Unis, son avenir devient également incertain en France. En mars dernier, le Sénat ouvrait une commission d’enquête afin de mettre la lumière sur le fonctionnement de la plateforme.

L’entreprise n’est pas parvenue à convaincre. Les sénateurs Claude Malhuret et Mickaël Vallet viennent de rendre leur verdict dans un long rapport peu glorieux pour l’application chinoise. Ils demandent au gouvernement et à la Commission européenne d’interdire TikTok « pour des raisons de sécurité nationale » si elle ne se conforme pas à plusieurs exigences d’ici au 1er janvier 2024.

Les sénateurs dénoncent notamment les effets nocifs de l’application sur les plus jeunes. Ils exigent la mise en place d’un contrôle effectif de l’âge, ainsi qu’une limite quotidienne de 60 minutes sur le réseau social pour les mineurs. Si cette fonctionnalité est déjà en place, il suffit de simples clics pour la désactiver. Actuellement, TikTok est interdite sur les appareils professionnels des agents de la fonction publique. Les législateurs demandent à ce que cette mesure soit étendue à tous les employés des opérateurs publics ou privés « d’importance vitale ».

L’« opacité » de TikTok dénoncée

La commission d’enquête dénonce également le « rôle actif » de TikTok dans la diffusion du contenu sur sa plateforme. Le rapport estime que ces contenus « pourraient être biaisés au profit d’autorités chinoises soucieuses d’alimenter des troubles susceptibles d’affaiblir l’image de la démocratie ».

De nombreux interrogatoires ont été menés par les législateurs durant ces derniers mois, notamment ceux de deux représentants de TikTok en France. Tout au long de leur audition, ils ont peiné à répondre clairement aux questions des sénateurs. « Au-delà des liens avec la Chine, se pose le problème de l’opacité de TikTok », a estimé le sénateur Claude Malhuret. « Pas seulement dans le domaine politique ou des liens avec le régime chinois, mais dans tous les domaines », a-t-il continué lors d’une conférence de presse.

Selon l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), TikTok est le plus mauvais élève de toutes les plateformes en matière de confidentialité, a-t-il précisé.

TikTok ne convainc pas

Pour sa part, TikTok est « en profond désaccord avec les conclusions de ce rapport, qui ne reflète pas fidèlement les faits ». La plateforme ajoute qu’« il est décevant que la Commission ait consacré autant de temps et de ressources pour remettre en avant toujours les mêmes perceptions erronées ».

Afin de rassurer les législateurs, l’application a dévoilé le projet Clover, qui consiste à héberger les données des Européens localement grâce aux services d’un tiers. Une initiative « pour le moment dilatoire », selon Claude Malhuret.

Jean-Noël Barrot, ministre délégué de la transition numérique, assurait il y a quelques semaines qu’il se montrerait intransigeant à l’égard de TikTok.