Les Hauts-de-France s’imposent comme la « vallée des batteries ». À l’occasion d’un déplacement sur le thème de la réindustrialisation, Emmanuel Macron a annoncé, ce vendredi 12 mai, la construction de deux nouvelles usines à Dunkerque. La première, de l’entreprise taïwanaise ProLogium, sera consacrée aux batteries de véhicules électriques. Elle emploiera plus de 3 000 personnes d’ici 2026. La seconde est une implantation du chinois XTC New Energy Materials, spécialisé dans la production de matériaux pour les batteries.

5,2 milliards d’euros d’investissement

Entouré d’un dispositif policier « jamais vu » selon la Voix du Nord, Emmanuel Macron a pris la parole chez Aluminium Dunkerque, plus grand producteur du matériau en Europe. Le Président de la République s’est félicité et a remercié le PDG du groupe taïwanais, Vincent Yang, sous les applaudissements, « Il y a un an, j’étais avec lui à Versailles pour une présentation de leur technologie de batterie. Aujourd’hui, l’investissement de l’entreprise permet à la France d’accélérer sur la réindustrialisation ».

ProLogium se présente comme un pionnier de la batterie solide. Fondée en 2006, le groupe produit un nouveau type de batterie remplace l’électrolyte liquide utilisé dans les batteries lithium-ion par un solide, céramique ou polymère. Vincent Yang a affirmé, au journal Les Échos, qu’il permet d’atteindre « une puissance entre 360 et 390 watts par kg contre entre 160 et 180 watts par kg pour une batterie lithium-ion ». En choisissant Dunkerque pour la construction d’une gigafactory, la société entend faire de la France une terre pionnière de cette nouvelle technologie.

ProLogium prévoit d’investir dans la cité de Jean Bart 5,2 milliards d’euros d’ici 2030, pour atteindre une capacité de production annuelle de 48 GWh. Cela permettra à l’usine de fournir des batteries pour des centaines de milliers de voitures. Le groupe espère commencer la production fin 2026. Il compte recruter plus de 15 000 personnes, dont 3 000, sur site.

Plus de 20 000 emplois pour le secteur des batteries

Les Hauts-de-France compteront à terme quatre usines de batteries. À Douvrin, ACC, une coentreprise de Total et PSA, construit une gigafactory prévue pour 2025. Deux infrastructures similaires verront aussi le jour : celle du japonais Envision AESC à Douai en 2024 (1 milliard d’euros d’investissements) et celle de la start-up française Verkor à Dunkerque en 2025 (1,5 milliard d’euros). « Au total, ce sont plus de 20 000 emplois qui vont être créés directement dans la région Hauts-de-France », a argumenté Emmanuel Macron.

Les PDG de ProLogium et Verkor, Benoit Lemaignan, justifient parallèlement le choix de Dunkerque par son accessibilité à une « électricité à bas carbone ». La ville utilise de l’électricité provenant de la centrale nucléaire de Gravelines et des éoliennes en mer présentes dans la Manche. « Dunkerque et la région Hauts-de-France sont au cœur de la stratégie de réindustrialisation. Mais pas l’industrie d’hier, une industrie verte et décarbonée » a argué le Président de la République.

Récemment, Vincent Yang s’est également réjoui de cette dynamique régionale. Il espère qu’elle motivera les « fournisseurs de matières premières à s’y installer ». Vœu exaucé avec l’arrivée de XTC New Energy Materials. L’entreprise investira 1,5 milliard d’euros pour s’installer aussi à Dunkerque et devrait créer 1700 emplois.

Pour rester dans la course à l’électrification, les constructeurs automobiles français n’hésitent pas à nouer des partenariats avant même la sortie de terre des usines. En avril dernier, Renault a renouvelé son soutien à la start-up Verkor. Lors de sa mise en route, l’usine fournira 12 GWH par an de batteries électriques. Ce même constructeur accueillera l’infrastructure d’Envision sur son pôle ElectriCity à Douai. De son côté, l’usine de ACC produira pour les actionnaires majoritaires de l’entreprise : Stellantis (groupe PSA et Fiat Chrysler) et Mercedes.