Plus rien ne va entre Microsoft et le Royaume-Uni. Furieux de la décision de l’autorité antitrust de bloquer le rachat d’Activision Blizzard, Brad Smith s’est montré particulièrement incisif dans ses propos à l’encontre du pays.

Brad Smith furieux contre la CMA

La firme de Redmond était en chemin pour conclure l’acquisition la plus importante de l’histoire du jeu vidéo en mettant la main sur le studio Activision Blizzard pour 68,7 milliards de dollars. La Competition and Markets Authority (CMA), agence britannique chargée de surveiller les pratiques anticoncurrentielles, en a décidé autrement. Malgré les efforts de Microsoft pour répondre à ses inquiétudes, elle estime que l’opération va nuire à la concurrence sur le marché du cloud gaming. L’organisme a, par conséquent, pris la décision de bloquer le rachat.

Lors de l’émission Today de la BBC Radio ce 4 jeudi avril, le président de Microsoft, Brad Smith, a fustigé le choix de la CMA. « Nous sommes bien sûr très déçus de la décision de la CMA, mais je pense surtout qu’elle est mauvaise pour la Grande-Bretagne », a-t-il asséné. Il estime que cette décision aura un impact très néfaste pour le secteur technologique britannique, car elle va « décourager l’innovation et l’investissement au Royaume-Uni ».

« Je pense qu’en ce sens, l’impact de cette décision est bien plus large que celui de Microsoft ou de cette seule acquisition. La confiance des gens dans la technologie au Royaume-Uni a été sérieusement ébranlée », a-t-il continué. Sans mâcher ses mots et visiblement exaspéré, Brad Smith a même évoqué le Brexit : « Pour tous ceux d’entre nous qui espéraient qu’après le Brexit, le Royaume-Uni construirait une structure plus flexible, plus propice aux investissements et à la technologie, nous constatons aujourd’hui que c’est le contraire qui semble se produire », a-t-il lancé.

Pour couronner le tout, le président de Microsoft a affirmé que « l’Union européenne est un endroit plus attrayant pour créer une entreprise si l’on veut un jour la vendre », ajoutant que « la Manche n’a jamais semblé aussi large ». La firme de Redmond s’attend en effet à ce que la Commission européenne va approuver l’acquisition, notamment grâce aux accords passés avec Nintendo et Nvidia pour leur garantir l’accès sur dix ans aux titres phares d’Activision Blizzard.

Le président de Microsoft, Brad Smith, lors d'une convention.

Brad Smith, le président de Microsoft. Photographie : FlickR / Web Summit.

Le Royaume-Uni défend son secteur technologique

Comme le rappelle The Guardian, la décision de bloquer l’acquisition est le premier acte majeur de la directrice générale de la CMA, Sarah Cardell, qui a rejoint l’autorité de régulation en décembre 2022. « Je pense que cette décision montre à quel point il est important de soutenir la concurrence au Royaume-Uni, et que le Royaume-Uni est absolument ouvert aux affaires. Nous voulons créer un environnement dans lequel toute une série d’entreprises différentes peuvent rivaliser efficacement, se développer et innover. C’est ce qu’il y a de mieux pour les consommateurs britanniques et pour les entreprises britanniques », a-t-elle déclaré afin de défendre la décision de l’autorité antitrust.

Un porte-parole du Premier ministre, Rishi Sunak, a affirmé que Brad Smith avait tort dans ses propos. « Ce genre d’affirmations n’est pas confirmé par les faits », a-t-il indiqué, ajoutant que le secteur du gaming britannique avait doublé au cours des dix dernières années. Il a également tenu à rappeler que la CMA était indépendante.

Malgré les efforts du Royaume-Uni pour stimuler son industrie technologique et scientifique, plusieurs rachats récents d’entreprises britanniques par des groupes étrangers ont renforcé certaines craintes estimant que le marché du pays perdait de son importance. Dans ce contexte, Brad Smith a affirmé que si le Royaume-Uni veut attirer des investissements, « il doit se pencher sérieusement sur le rôle de la CMA et sur la structure réglementaire ».

Microsoft et Activision Blizzard ont chacune déclaré qu’elles feraient appel. Si tel est le cas, l’instance devra rendre un verdict final avant la fin de l’année. Pour que l’opération soit officiellement approuvée, le Royaume-Uni, l’Union européenne et les États-Unis doivent la valider. L’UE doit annoncer sa décision en mai. Une procédure est également en cours aux États-Unis. La firme de Redmond voulait conclure son acquisition dès ce mois de juin, mais cet objectif est désormais irréalisable.