Alibaba a annoncé, ce mardi 28 mars, son intention de diviser ses activités en six branches distinctes. Chacune d’entre elles sera libre d’obtenir des financements indépendants et de s’introduire en bourse.

La régulation de Pékin a affecté Alibaba

Bien que majeure, la décision du géant chinois n’est pas surprenante. Il pâtit grandement de la régulation stricte imposée par Pékin sur les entreprises technologiques depuis la fin 2020. À l’époque, les autorités ont suspendu l’introduction en bourse d’Ant Group, filiale fintech d’Alibaba, et ont initié une vaste reprise en main du secteur technologique.

Particulièrement ciblée par les mesures du gouvernement, Alibaba a vu sa valorisation plonger de plus de 600 milliards de dollars depuis octobre 2020. Pour sa part, Ant Group a été contrainte de se restructurer en holding financière et continue de cumuler les pertes. Désormais, le géant de l’e-commerce a visiblement décidé de complètement chambouler son organisation.

Il va se diviser en six start-up détenues par une société holding. « Cette transformation permettra à toutes nos entreprises de devenir plus agiles, d’améliorer la prise de décision et de réagir plus rapidement aux changements du marché », explique Daniel Zhang, PDG d’Alibaba.

Quelles seront les six divisions ?

Malgré les difficultés rencontrées par Alibaba à cause de la régulation mais également du Covid-19 en Chine, son empire s’élève à 329 milliards de dollars. Sa restructuration représente son plus grand remaniement depuis sa création il y a plus de vingt ans.

Sous la direction de Daniel Zhang, qui a récemment pris la tête de la division cloud d’Alibaba, Cloud Intelligence Group se concentrera sur les activités de cloud computing et d’intelligence artificielle de l’entreprise. Zhang restera le dirigeant de la société holding Alibaba. Taobao Tmall Commerce Group va gérer les plateformes de commerce en ligne, telles que Taobao et Tmall. Il s’agit de la seule entité qui restera entièrement détenue à 100 % par Alibaba, l’empêchant de lever des fonds individuellement.

Ensuite, Local Services Group sera chargée du service de livraison de nourriture Ele.me ainsi que de ses services de cartographie. Cainiao Smart Logistics sera responsable des opérations logistiques tandis que Global Digital Commerce Group va superviser les activités internationales d’Alibaba dans l’e-commerce, y compris AliExpress et Lazada. La dernière division sera baptisée Digital Media and Entertainment Group. Comme son nom l’indique, elle va s’intéresser aux activités de streaming et de cinéma du groupe.

« À 24 ans, Alibaba accueille une nouvelle opportunité de croissance. Le marché est le meilleur test décisif, et chaque groupe d’affaires et chaque entreprise pourront procéder à des levées de fonds indépendantes et à des introductions en bourse lorsqu’ils sont prêts », annonce Zhang.

Un renouveau salué par la Chine

Cette réorganisation intervient à un moment où certains éléments indiquent que Pékin se rapproche à nouveau des entreprises technologiques, alors que le gouvernement cherche à relancer la croissance économique. D’ailleurs, le fondateur d’Alibaba Jack Ma, qui avait disparu de la scène publique et voyagé à l’étranger pendant plusieurs mois, est rentré en Chine.

Il est fort probable que les autorités accueillent à bras ouvert le plan de restructuration d’Alibaba. « Il s’agit d’un pas dans la direction de la politique chinoise visant à réduire la nature monopolistique des géants de la technologie. Alors qu’il n’est pas rare de voir des entreprises technologiques chinoises essaimer, cette opération semble plus globale, incluant les activités principales, ce qui pourrait servir de modèle à l’industrie pour l’avenir », argumente Marvin Chen, analyste chez Bloomberg Intelligence.

Signe de l’engouement suscité par l’annonce d’Alibaba, ses actions ont bondi de plus de 9 % dans les échanges pré-marché aux États-Unis.