La Federal Trade Commission (FTC), l’agence gouvernementale américaine chargée de la répression des pratiques commerciales anticoncurrentielles, a ouvert, le 22 mars, une demande de renseignements sur les acteurs du cloud américain. Son objectif est de déterminer si cette technologie est influencée par un monopole et requiert une surveillance plus poussée. Depuis 2022, en France, l’Autorité de la concurrence fait de même.

Le marché du cloud étroitement observé

Aux États-Unis, et dans le monde entier, le marché du cloud est dominé par Amazon Web Services, Microsoft Azure et Google Cloud. « Des pans entiers de notre économie s’appuient désormais sur l’informatique cloud pour toute une série de services », a déclaré Stéphanie T. Nguyen, directrice de la technologie pour la FTC. Elle explique que « la demande de renseignements vise à mieux comprendre l’impact de cette dépendance, la dynamique concurrentielle plus large de l’informatique cloud et les risques de sécurité potentiels liés à son utilisation ».

Le régulateur américain cherche à savoir comment certains segments économiques dépendent d’une « petite poignée de fournisseurs cloud », à estimer la capacité des clients « à négocier leurs contrats avec les fournisseurs cloud » et à voir quelles sont « les incitations offertes par les fournisseurs à leurs clients ». Par ailleurs, il s’intéresse à la mesure dans laquelle « les fournisseurs cloud se font concurrence ».

Si la FTC se penche sur le marché très fermé du cloud, c’est parce que celui-ci est particulièrement sensible aux dérives. L’année dernière, Microsoft était accusé de rendre plus difficile, voire impossible, l’utilisation de Windows et de sa suite de logiciels Office au sein des services cloud de ses concurrents. En Europe, la Commission européenne s’est penchée sur l’affaire en avril dernier.

Une enquête similaire est en cours en France

En France, l’Autorité de la concurrence porte aussi un regard attentif sur le secteur. En 2022, elle annonçait vouloir évaluer la situation concurrentielle du marché, faisant du cloud l’une de ses priorités. Devant l’Assemblée nationale, Benoît Cœuré, président de l’Autorité, déclarait qu’il était « important et justifié d’engager rapidement un travail de fond sur les conséquences du cloud dans tous les secteurs en lien avec les autorités sectorielles compétentes ».

Elle doit rendre les conclusions de son enquête sectorielles au cours du premier semestre 2023. Lors de la présentation de sa feuille de route pour les deux années à venir, l’Autorité de la concurrence rappelle que son travail doit aboutir à la version définitive du Data Act, le règlement européen encadrant les données en ligne, souvent stockées dans le cloud.

Aux États-Unis, les Américains ont jusqu’au 22 mai pour partager leurs informations avec la FTC. À partir de cette date, l’enquête devrait prendre au moins un an avant d’arriver à son terme.