Just Eat Takeaway a annoncé le licenciement de 1 870 de ses travailleurs britanniques, dont 1 700 livreurs salariés. Contrairement à ses concurrents, l’entreprise franco-néerlandaise avait fait le pari du salariat. Elle a visiblement décidé de faire marche arrière.

Un modèle mis en avant par le PDG

Le modèle « Scoober », comme le surnomme Just Eat, consiste à salarier les livreurs, leur permettant de bénéficier d’un salaire horaire, de congés maladie, de vacances et d’autres avantages. La société l’a introduit en 2020, lorsque, à l’instar de ses concurrents, elle a vu son activité exploser.

Jitse Groen, PDG de Just Eat Takeaway Groen, a longtemps snobé le modèle d’Uber ou de Deliveroo, qui traitent les chauffeurs comme des entrepreneurs indépendants. À noter toutefois que tous ses livreurs ne sont pas salariés. En réalité, seule une petite partie de ses coursiers sont employés directement ; elle fait encore appel à des coursiers indépendants dans la plupart des villes britanniques où elle opère, ainsi que dans toute l’Europe.

Si elle avait montré son enthousiasme à l’idée de salarier de plus en plus de livreurs, la firme a décidé de rebrousser chemin, rapporte Bloomberg. Ses activités au Royaume-Uni vont s’orienter vers l’utilisation d’un plus grand nombre de chauffeurs indépendants afin de gagner en efficacité dans un contexte de ralentissement de ses opérations.

Le salariat encore en vigueur dans le reste de l’Europe

« Nous avons proposé d’abandonner le modèle de travailleur pour les coursiers, qui représente une petite partie de nos opérations de livraison globales », annonce Just Eat UK dans un communiqué.

1 700 livreurs et 170 membres du personnel du siège social vont être affectés. Just Eat souligne que cette décision ne s’appliquera pas dans le reste de l’Europe et que son modèle « Scoober » y sera encore mis en pratique. À noter néanmoins qu’en juillet dernier, le spécialiste de la livraison a annoncé le licenciement de 350 livreurs salariés en France.

« Il est consternant de voir Just Eat retirer du travail à près de 2 000 travailleurs sans les consulter et en les informant uniquement par courrier électronique. Mais c’est un exemple typique de la négligence et de la cruauté dont font preuve ces entreprises à l’égard des travailleurs qui font tourner leurs affaires », s’est insurgé Alex Marshall, président de l’Independent Workers’ Union of Great Britain, syndicat qui représente les travailleurs de la gig economy.

De son côté, Just Eat assure que les travailleurs touchés bénéficieront de six semaines de salaire.