Les humains se poseront sur la planète Mars durant la décennie de 2030. C’est en tout cas le vœu du Pentagone et de la NASA. Afin d’y parvenir, l’agence spatiale américaine a annoncé, ce mercredi 25 janvier, un partenariat avec le ministère de la Défense des États-Unis pour développer un moteur spatial à fission nucléaire.

Seulement 45 jours de voyages pour aller sur Mars

La NASA souhaite écourter le trajet entre la Terre et Mars. Actuellement, les moteurs des fusées standards permettent de réaliser le voyage en six à neuf mois dans les meilleures conditions. Le projet, mené en collaboration avec la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA), agence américaine spécialisée dans la recherche et développement des équipements militaires, prévoit des fusées « cinq fois » plus efficaces, avec un voyage en 45 jours seulement.

Ce projet a démarré il y a près de trois ans. La DARPA avait annoncé son intention de développer un système de propulsion nucléaire volant nommé Demonstration Rocket for Agile Cislunar Operations (DRACO). L’objectif était de développer un contrôle plus réactif des engins spatiaux en orbite terrestre ou lunaire. En 2021, le Pentagone avait accordé un budget de 22 millions de dollars à General Atomis pour développer le réacteur, et attribué près de 3 millions de dollars à Lockheed Martin et Blue Origin pour les fusées.

Au même moment, la NASA s’interrogeait sur la capacité des fusées actuelles à voyager jusqu’à Mars. Lors de la publication d’une étude en 2021, les spécialistes de l’Académie nationale des sciences, d’ingénierie et de médecine américaine avaient conclu que le seul moyen réaliste pour l’agence spatiale d’envoyer des humains sur la planète rouge dans les décennies à venir était d’utiliser la propulsion nucléaire.

Ce type de moteur remplace la chambre de combustion par un réacteur nucléaire. L’hydrogène liquide utilisé comme combustible nécessite beaucoup de moins de stock qu’avec le carburant que la propulsion classique. Qui dit moins de carburant, dit moins de charge : la nouvelle génération de moteur n’en utiliserait que 500 tonnes pour atteindre Mars, contre plus de 1 000 tonnes pour les fusées d’aujourd’hui. Cette réduction de charge permettrait d’envoyer des robots pour préparer le terrain et les habitations sur Mars avant l’arrivée des humains.

Du côté financier, l’agence spatiale américaine ne fournira, pour le moment, aucune subvention directe. Une équipe spécialisée dirigera le développement technique du moteur avec General Atomis. Quant à la DARPA, elle continuera de mener le déroulement global du programme, notamment la création des fusées.

Au-delà de toutes ces promesses, la technologie n’est pas encore certaine d’exister. Le projet pourrait s’avérer être un échec si le moteur se montre trop dangereux. Le lancement d’un réacteur nucléaire dans l’espace soulève aussi des questions sur des réglementations internationales, notamment écologiques. La NASA et le Pentagone espèrent, malgré ces difficultés, faire une première démonstration en 2027. Le programme Artemis de l’agence spatiale américaine, qui doit ramener l’homme sur la Lune prochainement, vise à fouler le sol de la planète rouge avant la fin de la décennie 2030.