Alors qu’Elon Musk continue de façonner le « Twitter 2.0 », le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, n’a pas hésité à mettre en garde le milliardaire lors d’un entretien vidéo. En effet, l’Europe ne fera pas de cadeau au réseau social s’il ne respecte pas le Digital Services Act (DSA).

Les actions de Musk préoccupent les législateurs européens

Ce texte fondateur, qui devrait entrer en vigueur courant 2023, positionnera l’Union européenne en tant que pionnière dans la régulation et le contrôle des grandes plateformes Internet. Il obligera entre autres les sites possédant plus de 45 millions d’utilisateurs à maintenir des systèmes de modération très poussés afin de supprimer tout contenu considéré comme illégal par le bloc. Le DSA prévoit en outre des audits externes réguliers pour surveiller les processus des entreprises dans ce domaine.

Depuis l’arrivée d’Elon Musk à la tête de Twitter le 27 octobre dernier, plusieurs législateurs européens s’inquiètent de la direction prise par le réseau social. Le PDG de Tesla et de SpaceX s’est par exemple séparé de plus de la moitié du personnel de la plateforme, la plupart évoluant justement dans des divisions comme la modération et l’éthique.

En conséquence, de nombreux annonceurs très importants pour la société ont décidé de suspendre leur activité publicitaire sur Twitter, et si l’entreprise assure qu’aucun changement lié à la modération n’a été mis en place, elle a également annoncé la fin de sa politique visant à contrer la désinformation sur le Covid-19. Par ailleurs, Elon Musk a permis à Donald Trump de revenir sur le réseau social, et a même annoncé que tous les comptes suspendus n’ayant pas « enfreint la loi » seraient réinstaurés.

Elon Musk s’est montré complaisant

Ce mercredi 30 novembre, Elon Musk et Thierry Breton se sont entretenus en visioconférence, l’occasion pour le commissaire européen de faire le point avec l’homme d’affaires par rapport à la situation de Twitter, en faisant principalement référence au Digital Services Act, rapporte le Wall Street Journal.

Breton a par exemple expliqué à Musk que la plateforme devait adhérer à une importante liste de règles, comme l’abandon d’une approche « arbitraire » pour réintégrer les utilisateurs bannis ou le fait de combattre la désinformation de manière « agressive ». Elon Musk s’est voulu rassurant en expliquant que Twitter respecterait les lois locales et se conformerait au DSA, mais il s’est aussi toujours montré en faveur de la liberté d’expression absolue et formellement contre ce qu’il décrit comme de la censure.

Des drapeaux de l'UE.

Le Digital Services Act positionnera l’UE en tant que pionnière dans la régulation des big tech. Photographie :
ALEXANDRE LALLEMAND / Unsplash

« Il y a encore un énorme travail à faire, car Twitter devra mettre en œuvre des politiques d’utilisation transparentes, renforcer considérablement la modération des contenus et protéger la liberté d’expression, s’attaquer à la désinformation avec détermination et limiter la publicité ciblée », a déclaré Thierry Breton lors de l’appel.

Le Commissaire européen s’est entendu avec Elon Musk afin d’effectuer un « test de résistance » sur la conformité avec la loi au début de l’année prochaine, ainsi que pour préparer un audit indépendant de Twitter.

Twitter risque gros

Dès le mois de mai, peu de temps après qu’Elon Musk a annoncé son intention de racheter Twitter, Thierry Breton a rencontré le milliardaire aux États-Unis pour lui rappeler que le réseau social serait obligé de respecter la loi européenne. Lorsque l’acquisition a été complétée, et que Musk s’est empressé de tweeter que « l’oiseau est libre », le commissaire n’a pas hésité à le reprendre.

Pour rappel, les entreprises ne respectant pas le DSA risqueront des amendes allant jusqu’à 6 % de leur chiffre d’affaires annuel. Lors de l’entretien, Thierry Breton a même assuré qu’un bannissement de Twitter en Europe était possible si la plateforme ne se conformait pas au DSA.