Elon Musk s’est officiellement offert Twitter pour 44 milliards de dollars le 28 octobre. Il s’agit du plus grand rachat par emprunt d’une entreprise tech, avec 13 milliards de dollars de dettes contractées auprès de diverses banques d’investissement. Le milliardaire doit désormais dégager suffisamment de revenus du réseau social pour pouvoir s’acquitter de cette somme dans un contexte économique difficile.

Les calculs ne sont pas bons pour Elon Musk

La dette risque de peser lourd dans la gestion d’un Twitter redevenu entreprise privée. Le réseau social a, de longue date, des difficultés pour générer des revenus suffisants. Depuis dix ans il n’a été bénéficiaire que deux années.

Le Wall Street Journal relève que les intérêts dus par Twitter étaient jusqu’à présent limités à 50 millions de dollars par an. Avec la dette de 13 milliards de dollars contractée par Elon Musk, ils pourraient s’élever à 1 milliard de dollars annuels. En 2021 le réseau social n’a généré que 630 millions de dollars.

Twitter étant une entreprise à croissance lente, les banques risquent de ne pas se montrer aussi patientes avec le milliardaire que sur d’autres projets comme Tesla ou SpaceX. D’autant que le réseau social ne dispose d’actifs à mettre en garantie et que les banques elles-mêmes vont avoir du mal à vendre la dette à des investisseurs à cause du contexte économique.

La menace de récession et l’inflation risquent également de peser sur les revenus de Twitter. L’inquiétude qui règne actuellement incite les annonceurs à la prudence sur les dépenses. De quoi mettre à mal Meta, Google, Snapchat et d’autres valeurs technologiques dont les revenus reposent sur la publicité numérique.

Twitter n’aura plus à se préoccuper de son cours en bourse, mais 90 % de ses revenus viennent de la publicité. L’image de Musk et ses discours en faveur d’une liberté d’expression débridée pourraient aussi interpeller les marques. General Motors a déjà annoncé mettre en pause ses dépenses sur la plateforme.

L’avenir de Twitter lié à sa dette

Pour améliorer la rentabilité de sa nouvelle entreprise, Elon Musk devrait s’attaquer à une réduction drastique de ses coûts fixes. Le New York Times rappelle que les dépenses en vente et marketing représentent 1,2 milliard de dollars par an, tout comme la division recherche et développement.

La plupart de ses dépenses sont liées aux salaires. Avant le rachat un investisseur avait rapporté qu’Elon Musk prévoyait de licencier 75 % des 7 500 employés de Twitter. Une information démentie par le propriétaire de Tesla lors de sa visite des bureaux le 26 octobre. Des licenciements massifs seraient tout de même imminents. Des cadres auraient été invités à dresser des listes de postes à supprimer.

Cette course à la rentabilité pourrait affecter les investissements du réseau social, alors même que Musk rêve de faire de la plateforme une super app, veut lutter contre les bots et d’autres ambitieux projets. Il sera difficile pour le milliardaire de piocher dans sa propre fortune estimée à 200 milliards de dollars. Elle est composée essentiellement d’actions Tesla, dont la valeur a chuté de 40 % en 2020. La question de la dette de Twitter risque d’entraver les marges de manœuvre du milliardaire et de l’inciter à lever des fonds supplémentaires rapidement. Son aura d’entrepreneur capable de redresser des situations jugé désespéré joue encore en sa faveur, mais pour combien de temps ?