Les cryptomonnaies représentent un terrain de jeu idéal pour les escrocs en tout genre : absence de réglementation, anonymat, la valeur du Bitcoin élevé… Une enquête du Wall Street Journal révèle comment gros comme petits investisseurs peuvent se faire avoir par des arnaques plus ou moins sophistiquées autour des cryptomonnaies.

Les lucratives fraudes aux cryptomonnaies

En l’espace de quelques mois, à cheval entre 2020 et 2021, la valeur du Bitcoin a bondi de 450% jusqu’à atteindre 59 000 dollars, entraînant dans son ascension d’autres cryptomonnaies telle que l’éther. À l’heure où cet article est rédigé, le Bitcoin est redescendu à 36 500 dollars, ce qui reste particulièrement attractif.

Cela, les escrocs l’ont bien compris. Selon la société d’analyse blockchain CipherTrace, la fraude a déjà rapporté 432 millions de dollars à leurs auteurs sur les quatre premiers mois de l’année. La Federal Trade Commission, en se basant sur les déclarations portées à sa connaissance, estime qu’aux États-Unis les fraudes sur les investissements en cryptomonnaies ont fait perdre entre octobre 2020 et mars 2021, 82 millions de dollars aux victimes. C’est dix fois plus qu’un an auparavant, sur la même période. Récemment, l’image d’Elon Musk a été utilisée pour dérober jusqu’à 2 millions de dollars en cryptomonnaies.

Le Wall Street Journal illustre par deux exemples comment des investisseurs émérites peuvent tout autant être victimes d’une fraude que les débutants.

Le premier est celui d’un technicien en pharmacie londonien de moins 30 ans. Le jeune homme a perdu 10 000 dollars en investissement sur une nouvelle cryptomonnaie, LUB, créée par une entreprise, LUB Token, présente sur Telegram. Elle vantait un rendement alléchant pouvant atteindre les 10%. Elle a disparu sans crier gare en mai 2021 avec derrière elle des centaines de victimes.

Personne n’est épargné

La seconde affaire est, elle, jugée par la justice américaine. Le gestionnaire d’un fonds spéculatif en cryptomonnaie, Stefan Qin, accusé de fraude, a plaidé coupable devant la justice pour fraude en février 2021. À 24 ans, ce jeune australien a convaincu des investisseurs étrangers de placer leur argent dans son fonds « Virgil Sigma Fund LP » en alléchant ses victimes avec des rendements pouvant atteindre certains mois plus de 20%.

Il est parvenu à attirer des investissements de 103 000 dollars à 5,7 millions de dollars. Malgré leur expérience, les victimes n’ont pas été alertées par l’absence de publication de rapports d’audit. Stefan Qin les a vraisemblablement convaincus que le secteur étant nouveau, ce n’était pas pertinent. Fin 2020 le système s’effondre lorsque certains investisseurs veulent se retirer du fond. Stefan Qin va tenter de les rembourser en récupérant l’argent sur un fond jumeau, au prétexte de dette auprès d’usuriers chinois. Alertés, certains de ses employés vont avertir la Securities and Exchange Commission (SEC) et une plainte va être finalement déposée fin décembre 2020.

Les cryptomonnaies face au problème de la fraude

Comme tout secteur nouveau en plein boom, avec ses success-stories relayés par les médias, le monde de la cryptomonnaie a attiré beaucoup d’investisseurs, mais également beaucoup d’escrocs. Un problème pour un secteur qui repose en grande partie sur la confiance de ses usagers. En gagnant en maturité et mieux régularisé comme c’est en voie de l’être partout dans le monde, les fraudes ne cesseront pas, mais pourront être mieux contenues.