Vendredi 16 avril, le RWDSU a fait parvenir des objections au NLRB, accusant Amazon d’avoir interféré dans les élections du premier syndicat à Bessemer, en Alabama. Les employés de l’entrepôt s’étaient finalement opposés à sa création lors d’un vote, avec moins de 30% des voix en faveur de l’adhésion au RWDSU.

Amazon aurait joué un rôle dans l’élection

C’est un nouveau tournant dans les élections du syndicat d’Amazon. Le RWDSU affirme que l’entreprise a intimidé les employés et a manipulé les conditions de vote, empêchant une élection “libre et équitable”.

Dans son dépôt soumis à la NLRB, le syndicat a mis en lumière 23 objections concernant le comportement de l’entreprise américaine au cours de la campagne. Plusieurs allégations ont été soulignées, notamment qu’Amazon aurait interrogé et renvoyé un employé pro-syndicat pour avoir fait circuler des bulletins consacrés au vote dans des espaces non destinés au travail. Or, c’est un droit qui est protégé par le Code du travail américain. En plus de cela, l’entreprise aurait retiré certains employés de réunions obligatoires pour avoir posé des questions, mais également sanctionné un “fervent partisan du syndicat” pour s’être opposé à Amazon lors de réunions.

Amazon aurait donc fait pression de diverses manières. Le syndicat déclare que la firme américaine aurait envoyé plusieurs messages à ses employés, les menaçant de licenciement généralisé et de potentiellement fermer l’entrepôt si le résultat des élections s’avérait favorable. Il aurait avancé à ses travailleurs que voter en faveur du syndicat leur ferait perdre des avantages, et potentiellement leur taux de rémunération, notamment en cas de grève. Pour le RWDSU, cela a eu un “effet paralysant sur le soutien au syndicat”.

Mais ce n’est pas tout. Le syndicat de distribution a usé du Freedom of Information Act, une loi fondée sur le principe du droit à l’information qui oblige les agences fédérales à transmettre les documents demandés, pour accéder à des e-mails. Si Amazon avait ordonné aux employés de soumettre leurs bulletins de vote par la poste, le RWDSU affirme que l’entreprise américaine aurait fait pression sur le service postal américain. Elle avait installé une boîte aux lettres à l’extérieur de l’entrepôt juste avant le vote, bien à la vue de caméras qui “pouvaient enregistrer les employés entrants et sortants de la tente, se tenant près de l’urne pour voter”. Amazon souhaitait par ailleurs des caméras pour le dépouillement, une demande qui avait été rejeté. Pour le RWDSU, l’installation d’une boîte aux lettres est une violation d’une règle de la NLRB, ce qui n’aurait pas permis aux employés de voter librement.

Ainsi, le syndicat de distribution a demandé une audience devant la NLRB pour discuter des points qu’il a relevés. “Les objections constituent une conduite qui a empêché un exercice libre et non contraint de choix pour les employés, minant les efforts du conseil d’administration pour fournir un “laboratoire dans lequel une expérience peut être menée, sous des conditions aussi idéales que possibles, pour déterminer les désirs décomplexés des employés”, a déclaré lundi le RWDSU.

Ces objections pourraient marquer le début d’un long chemin de contestations judiciaires entre Amazon et le RWDSU. L’un des partis pourrait faire appel de la décision qui sera émise lors du conseil d’administration de la NLRB. Une nouvelle élection pourrait être ordonnée si le conseil tombe d’accord avec ce que le syndicat de distribution avance.