Mercredi, la Federal Trade Commission (FTC) a encouragé un juge à rejeter la demande de Facebook sur l’abandon des poursuites dans un procès qui pourrait être historique. À Washington, la FTC poursuit Facebook pour de nombreuses infractions aux règles antitrust du pays. L’équivalent de la DGCCRF a joint un document de 56 pages à sa demande, afin d’appuyer ses arguments.

Le rachat de WhatsApp par Facebook évoqué

Après une audience unique au monde, au cours de laquelle les PDG d’Amazon, d’Apple, de Facebook, et de Google ont dû répondre à une commission antitrust, l’étau s’est resserré autour de deux acteurs : Facebook et Google. La fin d’année a été rythmée par l’annonce de procédures à l’encontre de ces deux géants de la publicité, pour de multiples violations des règles antitrust. La FTC a même fini par se joindre à une plainte émanant de plusieurs États américains, preuve que l’affaire n’est pas prise à la légère. Cependant, Facebook a réfuté certaines accusations, portant sur les rachats de WhatsApp et d’Instagram, demandant l’annulation du procès.

L’application de messagerie de Facebook, Facebook Messenger, a été lancée en 2011, mais elle était déjà trop loin derrière WhatsApp pour empêcher cette dernière de prendre de l’ampleur. En 2014, Facebook a acquis WhatsApp pour 19 milliards de dollars. L’acquisition a neutralisé WhatsApp en tant que menace naissante et a ainsi privé, et continue de priver, les utilisateurs des avantages de la concurrence d’un WhatsApp indépendant.

Lors des audiences antitrust, le même constat avait été fait sur l’acquisition d’Instagram. Seule différence, l’application n’était pas plus importante qu’un autre service de Facebook. Mais Mark Zuckerberg a fait une erreur qui pourrait lui coûter cher. Il a laissé entendre que le rachat d’Instagram l’avait été, car l’application était perçue comme une menace. « (…) plutôt que de lui faire concurrence, Facebook l’a acheté. C’est exactement pour empêcher ce type d’acquisition anticoncurrentielle que les lois antitrust ont été conçues » avait alors marqué Jerry Nadler.

La FTC pointe également du doigt l’accès aux API de Facebook, dont les conditions imposées par l’entreprise auraient limité le développement de certaines applications. Ces mêmes API ont permis à certaines, malintentionnées, de récupérer les données de millions d’internautes, donnant lieu au scandale Cambridge Analytica. Un point que la FTC semble oublier.

Entre 2011 et 2018, Facebook a mis la Facebook Platform à la disposition des développeurs à la seule condition que leurs applications n’entrent pas en concurrence avec Facebook et ne fassent pas la promotion de ses concurrents. Facebook punissait les apps qui violaient ces conditions en mettant fin à leur accès à l’API « Trouver des amis » et à d’autres API.

Enfin, la FTC synthétise son argumentaire avec un message fort.

Facebook est l’une des entreprises les plus importantes et les plus rentables de l’histoire du monde. Facebook récolte des profits massifs grâce à son monopole [de réseau social], non pas en offrant un produit supérieur ou plus innovant, car elle a, pendant près d’une décennie, pris des mesures anticoncurrentielles pour neutraliser, entraver ou dissuader les concurrents potentiels.

L’approche semble claire : il ne faut rien lâcher. Les conséquences des différents procès pourraient être critiques pour Facebook. En effet, il sera question d’une séparation d’Instagram, et probablement de WhatsApp, du reste du groupe.