Le début de l’année 2021 a été marqué par une pénurie de semi-conducteurs. En cause, une forte demande et les répercussions de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. D’après le Wall Street Journal, Pékin a intensifié ses efforts pour tendre vers une indépendance dans le secteur des semi-conducteurs en y investissant des milliards de dollars.
En 2020, en Chine, plus de 50 000 entreprises liées au secteur des microprocesseurs ont été créées. Par rapport à 2015, le chiffre a triplé. D’après ChinaVenture, en 2020, 403 investissements en capital-risque et en fonds privé ont été réalisés dans l’industrie des semi-conducteurs, soit une augmentation de 47% par rapport à 2019.
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Évolution des investissements en capital-risque et fonds privé dans les entreprises chinoises spécialisées dans les semi-conducteurs. Source : ChinaVenture
Dans la lignée de cette stratégie d’indépendance, ByteDance recrute des ingénieurs pour concevoir des puces basées sur la technologie d’ARM. Alibaba et Baidu produisent également leurs propres puces. En mars 2021, l’unité de production de semi-conducteurs de Baidu a été évaluée à 2 milliards de dollars, attirant ainsi de nouveaux investisseurs privés.
Ces investissements massifs sont aussi synonymes de risques. Récemment, l’industriel Hongxin soutenu par le gouvernement local de Wuhan s’est retrouvé à court de liquidités. Hongxin ne sera probablement pas la seule entreprise à connaître ce sort. Les retombées de ces investissements publics ne sont donc pas acquises d’office. Les entreprises chinoises auraient au moins 4 ans de retard sur les compagnies américaines. Par conséquent, leurs semi-conducteurs sont incompatibles avec, entre autres, les smartphones derniers cris.
Le Parti Communiste n’est pas le seul maître de ses ambitions dans le domaine des microprocesseurs. En témoigne la future usine de la Semiconductor Manufacturing International Corporation (SMIC) à Shenzhen qui est financée à la fois par le gouvernement de la ville et l’entreprise. Étant donné que les investissements concernent des entreprises privées, la stratégie Pékin dépend donc du dynamisme de ces dernières. De la même manière que le financement ne repose pas que sur le gouvernement, les retombées ne lui bénéficient pas uniquement. Les constructeurs chinois qui utilisent des semi-conducteurs ont tout intérêt à soutenir les entreprises du secteur dans leur réussite car les échanges avec les fournisseurs américains restent incertains.
Les microprocesseurs sont essentiels à plusieurs industries, dont, bien évidemment, l’informatique. Huawei a auparavant été producteur de semi-conducteurs par le biais de sa filiale HiSilicon, mais depuis des sanctions américaines l’entreprise chinoise n’est plus en mesure de les faire fabriquer. En août 2020, le constructeur s’inquiétait d’être à court de puces. Pour le moment, les investissements chinois concernent davantage la conception des semi-conducteurs que leur production. En effet, leur fabrication demande des investissements plus conséquents et les retombées sont plus lentes. Si les relations sino-américaines n’évoluent pas, la production de puces pourrait devenir la nouvelle priorité pour Pékin.