Dans l’actualité en Inde, une révolte des agriculteurs. Ils protestent depuis plusieurs mois dans la rue et sur les réseaux sociaux. Twitter avait pris la décision de bloquer 257 comptes qui s’en prenaient directement au gouvernement, avant de finalement les débloquer. Cela n’est vraisemblablement pas du tout du goût du Premier ministre Narendra Modi qui, selon BuzzFeed, menace d’emprisonner les employés du réseau social américain.

Les agriculteurs se révoltent et l’Inde se divise

Depuis fin novembre 2020, les fermiers indiens assiègent New Delhi. Ils protestent contre la libéralisation du secteur agricole. Ils estiment que le système actuel de soutien est insatisfaisant et sont convaincus que la voie écologique serait la meilleure pour améliorer le sort des paysans et de leurs terres. Une colère amplifiée par l’adoption de trois lois soutenue par le gouvernement de Narendra Modi. Les agriculteurs indiens sont conscients des effets de ces lois. Ils estiment qu’elles vont uniquement dans le sens des géants de l’agroalimentaire.

Les protestataires ont unifié leurs forces sur Twitter. Les 257 comptes dont il est question sont des comptes de leaders de l’opposition gouvernementale. Des agriculteurs, mais pas que. Nous retrouvons aussi des journalistes et des écrivains qui se joignent à la cause des fermiers du pays. Ils utilisent le hashtag #ModiPlanningFarmerGenocide. Les agriculteurs se battent pour leur métier et certainement plus encore, pour leur vie. Après avoir initialement supprimé ces 257 comptes, Twitter a finalement estimé qu’ils n’enfreignaient pas les règlements et qu’au nom de la liberté d’expression, ils méritaient d’être publiés.

Twitter est dans le viseur du gouvernement indien

Quelques heures après leur mise en ligne, le ministère de des technologies et de l’informatique a ordonné qu’ils soient de nouveau bloqués. Un avis a directement été envoyé aux équipes de Twitter sur place. On peut y lire que :  » le hashtag a été utilisé pour abuser, enflammer et créer des tensions dans la société sur des bases non fondées. Twitter est un intermédiaire et vous êtes obligés d’obéir aux directives du gouvernement. Un refus de le faire entraînera des poursuites pénales ».

Le média The Caravan fait partie des 257 comptes initialement bloqués. Le rédacteur en chef du journal, Vinod K. Jose a déclaré ceci : « nous ne comprenons pas pourquoi le gouvernement indien trouve soudainement que les journalistes ne devraient pas parler de tous les aspects d’une loi. C’est de la censure et c’est vraiment problématique ». Plusieurs célébrités internationales qui ont eu vent de cette affaire ont pris la parole sur les réseaux sociaux. C’est notamment le cas de Rhianna et de Greta Thunberg. Les deux femmes ont marqué leur soutien dans un tweet.

Comment va se positionner le réseau social ?

Le gouvernement Modi a également ses partisans. La célèbre actrice indienne de Bollywood, Kangana Ranaut, a pris la parole pour dire que : « personne n’en parle parce que ce ne sont pas des agriculteurs, ce sont des terroristes qui tentent de diviser l’Inde ». Twitter va de nouveau avoir un choix crucial à faire : protéger ses employés et se mettre à dos le gouvernement indien ou être accusé d’aider à la censure dans une situation politique instable.

Certains spécialistes de l’Inde affirment que Twitter pourrait être contraint de se plier aux lois du pays. En effet, une loi oblige les grandes plateformes numériques à : « supprimer les informations générées, transmises, reçues, stockées ou hébergées sur le web qui pourrait affecter l’ordre public ».