Plus l’accès à internet augmente dans le monde, plus il sert d’arme politique. L’application de Meta, WhatsApp a annoncé ce jeudi 5 janvier, dans un tweet un support permettant de contourner la censure et de communiquer sur le réseau mondial même s’il est coupé localement.

WhatsApp affirme que les messages ne peuvent être lus par aucune personne tierce

Depuis 2016, 74 pays dans le monde ont fermé plus de 900 fois l’accès à internet. Les deux dernières années furent marquées par des événements géopolitiques menant à des périodes de censure comme la Birmanie et les couvre-feux d’internet suite à la prise de pouvoir de la junte en février 2021 et la Russie et sa censure après son invasion en Ukraine en février 2022. Le cas le plus récent est celui de l’Iran en septembre dernier. Le pays ferme temporairement internet depuis plusieurs mois, selon NetBlocks, à la suite de manifestations nationales liées à la mort de Mahsa Amini. Cette jeune femme de 22 ans est décédée le 16 septembre après avoir été « détenue par la police de la moralité », aussi appelée police religieuse.

Ce dernier cas semble avoir motivé WhatsApp à inclure la possibilité d’utiliser des proxys à l’intérieur de l’application : le réseau social de Mark Zuckerberg a traduit ses tweets d’annonce en iranien. Un proxy permet de se connecter à internet, donc à WhatsApp, via des serveurs mis en place par des volontaires et des organisations mondiales. Les serveurs proxy, plus difficiles à trouver par les censeurs, servent de relais pour communiquer avec ceux de WhatsApp. Les internautes pourront donc échanger des messages, des vidéos ou des images.

Afin de rassurer les personnes s’inquiétant de la récupération ou de l’exploitation des données personnelles, WhatsApp a certifié que la connexion à ce type de serveur maintient le même niveau de confidentialité et de sécurité de l’application. Depuis 2016, l’entreprise promet chiffré de bout en bout tous les messages personnels. Dans ses tweets, la société précise que les messages ne seront visibles ni par WhatsApp, ni par Meta, et surtout pas par les hébergeurs des serveurs proxys.

Les serveurs proxy présentent tout de même des limites. Ils ne sont pas efficaces en cas de coupure totale d’internet ou lorsqu’il n’y a aucune connectivité. Les personnes souhaitant utiliser un serveur doivent trouver les détails comme l’adresse IP du serveur. Ce type d’informations peuvent se trouver principalement sur les réseaux sociaux ou par le bouche à oreille. De plus, ils peuvent considérablement ralentir le trafic notamment pour partager des connexions.

WhatsApp n’est pas la première plateforme de messagerie entreprendre cette initiative. L’application d’échange chiffré permet déjà aux utilisateurs de configurer et gérer des serveurs proxy. L’entreprise a lancé ce service sur Android en février 2021, puis sur iOS en septembre 2022 en réponse aux blocages iraniens. Néanmoins, cette démarche de l’entreprise de Meta peut rendre cette action significative. Le réseau social regroupe plus de 2 milliards de personnes dans le monde, dont 40 millions en Iran selon un sondage local.