Si la Maison Blanche s’attaque pour l’heure surtout à TikTok, d’autres applications chinoises pourraient à terme être bannies des États-Unis. C’est du moins ce que l’on peut raisonnablement déduire des déclarations du Secrétaire d’État Mike Pompeo, lors d’un entretien avec Fox News, chaîne d’information réputée favorable à Donald Trump. « Ces sociétés chinoises de logiciels qui font des affaires aux États-Unis, qu’il s’agisse de TikTok ou de WeChat, fournissent des données directement au Parti communiste chinois, ainsi qu’a son agence de sécurité nationale », a notamment déclaré l’intéressé durant cette interview, s’accordant une nouvelle fois à la posture sécuritaire privilégiée depuis des mois par l’administration Trump au sujet des applications chinoises.

Vers un retour du maccarthysme… avec les applications chinoises ?

« Il peut s’agir de leur données de reconnaissance faciale. Il peut aussi s’agir d’informations sur leur lieu de résidence, leur numéros de téléphone, leurs amis, les personnes avec lesquelles ils sont en relation. Il s’agit de véritables questions de sécurité nationale », a poursuivi Mike Pompeo au sujet des informations et données que la Chine collecterait auprès des utilisateurs américains d’applications comme TikTok ou WeChat.

Comme le rappelle le média britannique Independent, l’application WeChat est très peu présente en occident et aux États-Unis, mais se révèle toute puissante en Chine, où elle occupe des secteurs d’activités très diversifiées, allant de la simple messagerie, au service de VTC, en passant par la commande de repas à domicile ou encore le gaming. L’application sert aussi de service de paiement en Chine, où elle a récemment été accusée de forte connivence avec les autorités chinoises, notamment en pleine crise sanitaire. Alors que le COVID-19 faisait rage en la ville de Wuhan, l’application aurait, suite à des « consignes officielles » de Pékin, censuré certaines requêtes comme «Pneumonie de Wuhan inconnue », « Interdiction de voyager » ou encore « Transmission de personne à personne .

Reste que les peurs américaines sont essentiellement liées à une loi adoptée en 2017 par Pékin. Cette dernière oblige les entreprises et les citoyens chinois à « soutenir, assister et coopérer avec le travail de renseignement de l’État« . Un texte qui enjoint, trois ans plus tard, Mike Pompeo à considérer qu’utiliser des applications chinoises revient à placer « des informations privées entre les mains du Parti communiste chinois ». La défiance américaine à l’égard du communisme est toujours là, avec en filigrane de forts relents de guerre froide et d’opposition Est-Ouest.

Si l’on ignore quel sort sera réservé à WeChat sur le sol américain, TikTok pourrait pour sa part être en partie racheté par Microsoft, qui a fait par de son intérêt pour l’application. Ce rachat, qui devrait être validé ou invalidé le 15 septembre prochain par les régulateurs, aurait pour effet de scinder le service en deux. Une version américaine de TikTok naîtrait alors en marge de l’application chinoise existante.