Une fronde commence à s’élever contre la politique menée par Apple au sein de l’App Store. Epic Games, Match Group, Rakuten, Spotify, ou encore Netflix protestent contre la taxe de 30% pour les achats in-app. Voilà que Microsoft se joint à demi-mot à cette lutte par la voix de Brad Smith, directeur juridique de la firme de Redmond. Il décrit l’approche de l’App Store comme étant anticoncurrentielle.

Microsoft vise Apple sans le citer

Brad Smith a déclaré ceci à Politico :

« Si vous regardez l’industrie du web aujourd’hui, vous trouverez des magasins d’applications pensés en jardin clos qui empêchent les utilisateurs d’accéder à certaines applications. Certains acteurs imposent des règles de plus en plus strictes. Dans certains cas, 30% des recettes réalisées par les applications vont directement dans la poche de l’éditeur. Ce n’est pas normal et cela doit changer ».

Vous l’aurez remarqué, Brad Smith ne nomme pas directement Apple. Pourtant, Bloomberg a demandé confirmation auprès de Microsoft pour savoir si le directeur juridique faisait bien référence à l’App Store et la réponse est oui. On sent depuis quelques semaines qu’une fronde est en train de voir le jour contre les politiques de l’App Store. Nous sommes peut-être à un tournant de l’histoire du géant américain.

La Commission européenne a justement annoncé ouvrir une enquête pour pratique anticoncurrentielle sur l’App Store. L’enquête porte sur deux points : l’obligation faite aux développeurs d’applications de l’App Store d’utiliser le système d’achat « in-app », dont la marque à la pomme retire entre 15% à 30% des revenus générés, et l’interdiction de proposer une offre alternative de paiement. Les protestations interviennent quelques jours seulement avant la conférence annuelle d’Apple pour les développeurs du WWDC. Une position délicate pour Apple car cette conférence est justement destinée à promouvoir l’App Store. Brad Smith ajoute que :

« Je crois que le temps est venu, que nous parlions tous ensemble de la politique des magasins d’applications. Nous devons avoir une conversation beaucoup plus ciblée sur la nature de ces plateformes. Définir des règles plus justes, des tarifs qui permettent aux entreprises de tirer des profites intéressants et créer des outils adaptés. Y a-t-il vraiment une justification à créer des plateformes anticoncurrentielles ? Je ne le crois pas ».

Un débat central pour éviter un comportement anticoncurrentiel

La question est loin d’être anodine quand on sait que l’App Store génère 519 milliards de dollars de recettes par an (environ 461 milliards d’euros). Selon Margrethe Vestager : « il semble qu’Apple ait obtenu un rôle de gardien en ce qui concerne la distribution d’applications et de contenus aux utilisateurs des appareils populaires d’Apple. Nous devons nous assurer que les règles d’Apple ne faussent pas la concurrence sur les marchés où Apple est en concurrence avec d’autres développeurs d’applications ».

Microsoft proteste car il a dû se battre pour lancer son service de streaming de jeux vidéo xCloud sur iOS. La société a révélé que l’App Store a demandé à l’entreprise de se conformer aux politiques du magasin d’application et de proposer plusieurs jeux pour répondre aux règles alors qu’il ne s’agissait que d’une version bêta. L’application xCloud n’a pas pu être lancée comme prévu au sein de l’App Store.