Le 7 février 2020, des législateurs influents du parti au pouvoir, le Parti Libéral-Démocrate (PLD), ont fait savoir à Reuters qu’ils souhaitaient aborder la question du Yen numérique au programme du G7 de 2020. Les Japonais craignent l’arrivée du Yuan numérique chinois annoncé de longue date par la banque centrale de Chine.

Les gouvernements occidentaux en réaction à Libra

À son annonce, Libra avait provoqué un mini-séisme parmi les nations occidentales. La perspective d’une monnaie, numérique, non étatique avait inquiété les gouvernements. L’Europe a réagi en annonçant vouloir l’interdire, la Chine de son côté, avait proclamé la prendre de vitesse.

Depuis, la Libra est considérée comme un échec et la Chine n’a plus donné de nouvelles du Yuan numérique. Cet épisode commencé en juin 2019 a eu l’avantage d’inciter plusieurs banques centrales, notamment japonaises, à s’associer dans le but de partager leurs connaissances pour développer des monnaies numériques.

Le 7 février, Akira Amari, un législateur du parti du Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a demandé que la Yen numérique soit l’un des sujets abordés à l’occasion du G7 de 2020, programmé de 10 au 12 juin aux États-Unis.

Devant les difficultés techniques et juridiques, il y a peu de chance de voir arriver un Yen numérique d’ici le G7. Kozo Yamamoto, autre membre du PLD et chef de la commission de recherche sur les finances et le système bancaire japonais a expliqué à Reuters qu’un délai de « 2 à 3 trois ans » serait nécessaire pour mettre en place cette monnaie d’un nouveau genre, ajoutant « le plus tôt sera le mieux ».

Yen et Yuan : la rivalité régionale se propage à la question des monnaies numériques

Les causes de cette impatience japonaise sont à chercher du côté de l’Empire du Milieu. Akira Amari a développé ses préoccupations en ces termes, « Nous vivons dans un monde stable dirigé par le règlement en dollars. Comment devrions-nous réagir si une telle fondation s’effondre et si (l’initiative de la Chine) donne lieu à une lutte pour la suprématie monétaire ? ».

L’hypothèse selon laquelle la Chine développe une monnaie numérique adoptée par d’autres pays émergeant fait craindre la fin de l’hégémonie du dollar auquel le Japon est attaché. La question de la rivalité régionale entre les deux puissances est en jeu.

Pour parvenir à refaire son retard, Akira Amari a proposé que le Japon travaille « en étroite coordination avec les États-Unis ». À cette heure, difficile de savoir si cet appel a été entendu. Toutefois, en pleine guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, il y a de fortes chances que le président Trump y porte une oreille attentive.