Plusieurs banques centrales, dont la Banque Centrale européenne (BCE) qui gère la zone euro, vont se réunir pour échanger sur leurs expériences autour de la monnaie numérique. Toutefois aucun projet concret n’est prévu pour le moment.

Un effet Libra sur les banques centrales ?

Libra a, semble-t-il, donné des idées aux banques centrales mondiales. Pourtant, la cryptomonnaie initiée par Facebook avec une vingtaine de partenaires est en grande difficulté. Les entreprises spécialisées dans la monnaie comme Mastercard, Visa, ont claqué la porte et les gouvernements nationaux de plusieurs pays, dont la France, ont rejeté en bloc le projet. Même le président suisse, dont le pays accueille l’association Libra, considère qu’elle a « échoué ».

Pourtant Libra a l’avantage de pousser les banques centrales à s’activer. La première d’entre-elle, la Banque centrale de Chine réfléchit à sa propre cryptomonnaie depuis 2014. Devant les annonces des projets de la cryptomonnaie de Facebook, les autorités chinoises avaient évoqué une monnaie de ce type disponible pour 2019. On en est sans nouvelle depuis.

Aujourd’hui, c’est la BCE et plusieurs banques centrales, Royaume-Uni, Japon, Suède, Suisse, qui annoncent former un groupe pour partager leurs expériences. Le groupe sera dirigé par Benoît Coeure, un économiste français, également ancien fonctionnaire de la BCE. Il sera épaulé par la banque des règlements internationaux.

« Le groupe évaluera … les choix économiques, fonctionnels et techniques de conception, y compris l’interopérabilité transfrontalière, et le partage des connaissances sur les technologies émergentes« , ont déclaré les banques centrales dans un communiqué relayé par Reuters.

Monnaie numérique plutôt que cryptomonnaie

Les CBDC (comprendre les « Monnaies numériques de Banque Centrale » en anglais) ne seront pas des cryptomonnaies décentralisées à l’image du Bitcoin ou de ce que semblait être le projet Libra. Elles seront bien de la monnaie traditionnellement émise par les banques centrales, mais sous forme purement numérique.

Toutefois, comme les cryptomonnaies, les CBDC seront, à divers degrés basées sur la technologie de la blockchain qui a l’avantage de permettre d’enregistrer des transactions tout en permettant à plusieurs personnes ou organismes d’y accéder en même temps.

Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque centrale du Canada et, depuis 2013, gouverneur de la Banque centrale d’Angleterre, estime que cette voie technologique explorée par les banques centrales de pays européens et du Japon pourrait être une solution pour contrecarrer la puissance du dollar. La monnaie américaine, monnaie de réserve mondiale, est selon lui déstabilisatrice. Les monnaies numériques pourraient entrainer l’apparition d’un système financier multipolaire.