Avec une semaine de retard sur les prévisions, le premier remorqueur sur orbite a été lancé. Cette opération fait partie des solutions imaginées pour sortir de la crise du marché des gros satellites géostationnaires. Le principal objectif du remorqueur sera prolonger la vie d’autres satellites sur orbite. Il devrait ensuite être utilisé pour le ravitaillement et l’assemblage de nouvelles pièces.

Un remorqueur dans l’espace

Voilà deux ans que la société International Launch Services (ILS) n’avait pas lancé de satellite commercial. Ce matin, c’est à bord du lanceur russe Proton que les satellites de télécommunications Eutelsat 5 West B, (de l’opérateur français Eutelsat), et le MEV-1 (Mission Extension Vehicle-1) de Northrop Grumman ont été placés en orbite avec succès.

Le satellite Eutelsat 5 West servira l’Europe, et notamment les marchés français, italien, et algérien de télédiffusion. Il vient remplacer son prédécesseur (Eutelsat 5 West A), vieux de 17 ans. Le satellite permettra également d’affiner la précision des signaux de navigation par satellite au-dessus de l’Europe.

Mais la « star » embarquée sur Proton reste le remorqueur MEV-1. Capable de s’amarrer à plusieurs satellites, il sera ensuite grâce, à son « système de propulsion » en mesure de modifier l’orbite ou au contraire de maintenir le cap de ses congénères. Il est également pensé pour réaliser plusieurs missions une fois lancé sur orbite. Il a également été construit en vue de pouvoir ravitailler et fournir un service d’entretien à des satellites géostationnaires, pour le compte de différents opérateurs spatiaux.

D’autres remorqueurs de ce type devraient voir le jour, avec la capacité de remplir d’autres missions, telles que la récupération des satellites largués sur une mauvaise trajectoire. Le ravitaillement en fluides et ergols est également envisagé ainsi que l’amélioration des satellites déjà existants, en offrant un service de réparation ou de remplacement de certains composants.

Ce type d’engin semble en effet primordial pour les missions futures. Dans le contexte environnemental qu’est le nôtre, il est évident que ce genre d’opération pourrait limiter les lancements, et du même coup augmenter la durée de vie des satellites déjà sur orbite. Si pour l’instant le remorqueur est plutôt destiné à ravitailler les satellites géostationnaires, il y a toutes les chances pour que ce système soit également nécessaire à des missions couvrant des trajectoires plus lointaines, telles que les missions envisagées sur Mars, par exemple.

Ce type de mission traduit un comportement un peu plus responsable que ce que nous avons connu ces dernières années. Il semblerait que l’espace ne soit plus considéré comme un « terrain de jeu » où l’on peut envoyer des satellites en nombre sans se préoccuper des éventuels débris que cela pourrait causer. C’est ainsi qu’au lieu de trouver des solutions, soit pour réparer les satellites, soit pour augmenter leur durée de vie, certains se sont tournés vers des décisions plus radicales : leur destruction. Malheureusement ce type de décision conduit souvent à des risques de collision avec d’autres missions. On se souvient des astronautes à bord de la Station Spatiale Internationale (ISS), menacés en avril dernier par des débris du satellite indien. Un tir d’essai avait été lancé pour détruire le satellite. La Chine avait effectué le même genre d’opération en 2007, tandis qu’aujourd’hui les débris causés par le missile envoyé font encore le tour de la Terre.